La vie à la Marina Shelter Bay

 

 

Novembre 2020

 

Nous avons laissé Diatomée au mois de mars à l’entrée du canal de Panama pour retourner à Paris un mois seulement. Mais à cause du COVID, le Panama a fermé ses frontières et nous avons été confiné en France. Huit mois après, le deuxième confinement est annoncé, nous sautons dans un avion, le Panama vient de réouvrir ses frontières! Entre temps nous avons demandé à la marina de sortir Diatomée de l’eau et d’en prendre bien soin, régulièrement ils nous envoyaient des photos, ce n’est jamais facile d’être loin de son bébé!!!

 

 

La marina se trouve juste à l'entrée du canal côté Atlantique.

 

 

Après deux tests covid horriblissimes et 11 heures d’avion, nous voici de retour à la Marina Shelter Bay, perdue dans la jungle et éloignée de toute urbanisation. Nous sommes si heureux de retrouver Diatomée au premier abord en bon état (il faisait nuit!!!). 

 

 

 Nous avons refait peindre la coque en gris pour avoir moins d’algues et parce que nous trouvions ça plus joli!

 

 

 

Le lendemain matin, il s’avère que la saison des pluies a laissé quelques traces sur nos bouts et nos voiles… Nous  passeront quelques heures à tout frotter au bicarbonate de soude, surtout Alex qui depuis a le bras droit beaucoup plus musclé que le gauche!

 

 

 

 

 

Autre surprise, une charmante colonie de mini fourmis a décidé de s’installer chez nous. C’est fou comme quand ton pot de Nocciolata que tu as transporté depuis Paris à la sueur de ton front, grouille de fourmis, d’un coup tu deviens plus du tout vegan. 

 

 

 

 

 

Mise à part ça nous sommes tellement heureux d’être ici, conscient de ce précieux privilège par les temps moroses qui courent. Même si nous avons beaucoup de travail sur le bateau, nous avons l’impression d’être en vacances et nos journées sont largement embellies par la présence d’une magnifique piscine (je m’étais même assurée avant de venir qu’elle était bien ouverte!).  

 

 

 

 

 

 

Encore jetlaguée au début du séjour, j’étais chaque matin très tôt dans la petite jungle à côté de la marina pour y croiser à chaque fois des coatis! J’ai même pu en filmer un traverser la route après de longues minutes de patience. De retour au bateau dans la peau d’une future grande documentaire animalière je montre la vidéo à Alex avec fierté: « C’est tout? ». Bon ok la vidéo dure 2 secondes.

 

 

 

 

 Un coati se cache sur cette photo…

 

 

 

 

Nous ne chaumons pas: lessives, nettoyages, organisation des travaux d’électronique, de voilure (nous refaisons faire nos lazy bags), anti-fooling, mise à jour de la pharmacie de bord, du matériel de survie (tout périme si vite!), changement de l’impeller, chargement des cartes marines, étanchéité des hublots, trouver des soudeurs, renouveler l’assurance, etc.

Et entre autre nous demandons aux peintres d’effacer l’ancien nom du bateau « Planeta Azul » peint sur la coque sous notre autocollant « Diatomée ».

 

 

 

 

 

 

Et là, c’est le drame, à deux reprises, des clients de la marina nous disent « c’est magnifique le nouveau nom peint sur votre bateau! ». Et là nous devons avouer que c’est l’ancien nom que nous allons effacer. En plus nous avons fait refaire des autocollants « Diatomée » mais nous nous sommes trompés de couleur, ils sont gris clairs invisibles!!!! Pour l’instant, nous sommes le bateau sans nom!

 

Le temps passe et la marina se remplie de plus en plus, les navigateurs reviennent tous sur leurs bateaux après l’épidémie et une ambiance de camping s’installe. Tout le monde finit par se connaitre un peu, se croiser à la piscine, au restaurant ou dans les douches communes. Il y a des soirées barbecue et un marché aux puces matériel de voile le dimanche matin. Alex est aux anges de socialiser, pour moi qui suit plus à l’aise dans l’anonymat c’est un peu plus compliqué. Pourtant les conversations font rêver: « après la traversée du canal nous partons à Hawaï! », « nous, nous remontons jusqu’en Basse Californie », « nous, nous allons à l’île de Pacques puis aux Marquises! »…

Ici, les voiliers naviguent et nos vies se ressemblent. La plupart semble quand même être retraités, les gens de notre âge ont des enfants et voyagent en famille. Nous sympathisons avec un groupe de danois qui vit à Copenhague (nous avons adoré visiter cette ville au mois d’aout!), tous aussi beaux, blonds, gracieux, cultivés et gentils les uns que les autres. 

 

 

 

 

En face d’Alex les 5 danois. Au milieu le père en chemise bleue, à sa gauche, le copain du père, puis le fils du père qui doit avoir 17 ans et qui lit Michel Houellebeck et regarde tous les films de la nouvelle vague!!!

 

 

 

Nous visitons le bateau des uns et des autres et c’est incroyable de découvrir à chaque fois de vrais espaces de vie cachés sous la coque! Le pire c’est les catamarans!!! Digne d’un hôtel 5 étoiles!!!

 

 

 

 

 

 

Je cuisine beaucoup, notamment des gâteaux car nous avons de nombreux produits périmés. Entre le covid et l’accident au Mexique, nous avons passé plus de temps que prévu loin du bateau. Les spéculoos que j’avais acheté d’avance en Martinique sachant que ça allait être introuvable à l’étranger, le chocolat qui est aussi hors de prix, le lait de coco, les biscuits à la cuillère des charlottes, le quinoa, les pâtes de lentilles…que des dates de péremption passées!  Pour l’instant aucun de nous n’a été malade!!!!

 

 

 

 

Tarte poires/chocolat/ spéculoos avec que des ingrédients périmés depuis plus d’un an!!!

 

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Et je fais aussi beaucoup de sport, une heure de natation et deux heures de danse chaque jour. Une discipline de fer que j’arrive à tenir car rien que d’avoir la chance de pouvoir nager je ne peux pas ne pas y aller. Et pour la danse, je profite de la terre ferme pour ne pas perdre mon niveau durement acquis et je progresse même plus vite qu’à Paris! Je me mets où je peux, le carrelage de la terrasse du restaurant glissant est parfait pour la barre au sol et les barrières autour de la piscine pour la danse classique! Mais les gens semblent peu connaitre la danse car soit ils me demandent si c’est mon métier (vu mon piètre niveau j’aurais bien du mal à gagner ma vie!) soit ils me demandent si je fais mon yoga tous les jours!!!! Alex, lui, nage trois fois par jour!

Nous réalisons à quel point aujourd'hui il est difficile de vivre sans wifi. Celui de la marina est payant et très fluctuant, notre petite box marche une fois sur deux. Il faut beaucoup de patience pour terminer une série commencée sur Netflix, donner des nouvelles aux proches, envoyer une vidéo aux enfants des écoles, télécharger les cartes marines, contacter des professionnels (agent pour passer le canal/soudeur/expert), savoir où en est le covid, trouver notre prochain hôtel , avoir des infos sur tout et n’importe quoi… bref, sans wifi nous nous trouvons souvent très très limités. Et à chaque fois qu’on doit se connecter c’est une mission pire que celle de vaincre la moisissure et les fourmis!

 

 

 

 

 

 Nous avons aussi passé deux week ends à Panama City, des grands buildings avec des vues et une architecture incroyables: j’adore! Les quartiers se suivent mais ne se ressemblent pas, certains sont craignos et à éviter, d’autres des petits paradis comme Casco Viejo qui ressemble beaucoup à la Havane parait-il:

 

Le bar de notre hôtel à la « Lost in translation » comme j’adore!

 

 

Ici la promenade des anglais s’appelle « la cinta costera »

 

L’architecture incroyable donne des crampes au cou!

 

 

La vue de notre chambre d’hôtel!

 

 

 

 

Lors de notre deuxième séjour nous avions une chambre Airbnb dans Casco Viejo qui donnait directement sur la piscine!

 

 

 

 

Mais elle était très sombre et faisait un peu trou à rats!

 

 

 

 

 

Ici tout le monde porte un masque sans exception aucune et je n’ai jamais vu quelqu’un porter le masque sous le nez, même en plein cagnard isolé dans un parc. Quelle discipline! A chaque entrée des magasins ou restaurants, il y a un tapis de désinfection des chaussures, prise de température, et gel obligatoires. Je me demande comment il peut y avoir de deuxième vague ici! Mais apparemment les gens se voient beaucoup en famille ou entre amis sans tout ce protocole du coup…

 

 

 

 

 

Pour nous déplacer dans Panama City, nous marchons ou prenons le taxi, parfois pour le même trajet nous payons $20 à l’aller et $4 au retour! Nous avons fini par comprendre qu’il fallait négocier le prix avant de monter dans le taxi!

 

 

 

Un peu comme au Mexique, ici  les filles ne sont jamais topless mais ont toutes des strings et leur passe temps favori est de collectionner un max de photos de leur anatomie!!!

 

 

 

Après plus de trois semaines passées à sec, il est enfin temps de remettre le bateau à l’eau!

 

 

Diatomée avait quand même vue mer :-)

 

 

 

 

À la marina, chaque mise à l’eau est une fête et est immédiatement suivie l’après midi-même par une splashparty (« la fête de la mise à l’eau »). En gros tout le monde vient picoler sur ton bateau dès 15h!

 

 

 

 

C’est toujours impressionnant de voir son bateau transporté comme ça…! Mais la vie sur l’eau est bien plus agréable, déjà le voilier est facilement accessible, y’a moins d’insectes et surtout nous pouvons utiliser l’eau et les toilettes!!!! Grand confort!!!!

Une fois à l’eau tout le monde finit les dernier réglages des voiles et vérifie le bon fonctionnement des pompes etc. La plupart vont même faire un tour dans la baie pour tester les voiles et nous réalisons à quel point nous sommes couilles molles. Rien que l’idée de sortir le bateau de la marina et de revenir le garer…no way!!!!!

Nous sommes aussi hallucinés du nombre de gens qui ont des chiens à bord, quasiment un bateau sur 3! En plus les gens qui se retrouvent ici ont tous l’intention de faire des grandes traversées. Il y a même un voilier qui a une énorme cage et deux lapins à l’intérieur!!! J’ai bien du mal à les imaginer avec le bateau à la gîte quand tout se casse la gueule à l’intérieur!!! Sans parler de la superstition qui fait nommer cet animal le « cousin du lièvre » par la plupart des navigateurs français!

Nous étions presque prêts à traverser le canal quand nous avons réalisé que notre propulseur d’étrave ne fonctionnait plus. Il nous est indispensable pour manœuvrer Diatomée dans les petits espaces, notamment les écluses que nous allons traverser. Attendre la réparation ne nous gêne pas plus que ça car nous avons appris à être patients, mais il a fallu ressortir le bateau de l’eau et cela nous a un peu fichu un coup au moral. C’est un peu comme passer du bungalow vue mer à la tente plantée prés du local poubelle…


Pour manoeuvrer le bateau jusqu’à la zone de mise à sec, il y avait un peu de vent et le moteur était très peu réactif malgré l’accélérateur bien enclenché, tous les autres bateaux autour de nous avaient sortis la gaffe ou des pare battages pour se protéger voyant qu’on galèrait grave!!!! Nous étions un vrai danger public! Après au moins 4 reprises, j’ai réussi à rentrer en marche arrière dans une toute petite place. J’étais quand même un peu fierté.

Mais nous ne nous laissons pas abattre malgré cette nouvelle et le fait que tous nos copains bateaux commencent à traverser le canal… Nous sommes retournés à Panama City dans le bel hôtel, pas dans le trou à rats!

 

A suivre…

 

Nous devenons carrément spécistes car si les fourmis ne sont pas les bienvenues, les geckos eux sont comme chez eux <3

 

 

 

 

I

Infos pour les navigateurs:

 

La marina Shelter bay est une des meilleures que nous connaissons. Elle est comme son nom l'indique très très bien protégée et surveillée. Tous types de travaux sont possibles et correctement réalisés, il faut juste être patient et ne pas lâcher Edwin, le chef de chantier qui oublie vite ce qu'on lui a déjà demandé 3 fois. Tout le personnel est adorable (excepté la dame de la laverie qui est juste horrible?) et sur place il y a quand même un grand confort: la piscine, une petite salle de gym (quand ils savent où est la clé), une mini superette où l'on peut commander ce que l'on veut et l'avoir le lendemain (à prix élevé...), une laverie, un restaurant...

Un ancien théatre a été reconverti en salle pour travailler les voiles, nous avons refait faire nos lazy bags et la couverture du dinghy, c'est du très bon travail.
La petite jungle à coté de la marina permet de croiser des singes hurleurs, coatis et singes capucins ainsi que de nombreux oiseaux.

Une navette va deux fois par jour au supermarché de Colon ce qui permet de faire ses courses à prix raisonnable. Sur demande le chauffeur peut aussi vous déposer à la gare routière pour prendre un bus qui vous emmenera à panama city pour $3 par personne (environ 1h30 de trajet).

Très important: nous avons pu remplir nos bouteille de gaz française vide et ça nous a enlevé une grosse épine du pied car cela était mission impossible au Mexique.

Nous avons aussi demandé une analyse de l'huile du moteur pour pouvoir déceler un éventuel dysfonctionnement. 

Pour notre soudure nous avons fait appel à Metalca Marine et nous sommes très contents. Konstantin Aldwarth est très réactif et arrangeant. metalcamarine@gmail.com konstantin: +50764007998

Nous avons aussi réalisé une expertise à la demande de notre assurance par un expert très méticuleux qui sera de très bon conseils pour entretenir votre bateau: Thorsten Böhnke: marine@tigersnail.com
 

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