Carnet de bord 15   Le Bélize

 

 

Mai 2019

 

Pour arriver au Bélize, nous avons eu 2 jours et une nuit de navigation, parmi les pires de ma petite vie de navigatrice. Beaucoup de vent et de vagues, j’ai été extrêmement malade, dans un semi-coma permanent avec la gorge sans cesse brulée par le vomi…Impossible d’écouter le moindre audio-livre car la mer était beaucoup trop agitée et nous nous faisions régulièrement arroser. Les conditions étaient très dures et je tentais au mieux de tenir mes quarts pour qu’Alex puisse se reposer. Le mal de mer c’est aussi l’envie de rien, tout est un monde, on passe du cockpit au lit, et du lit au cockpit mais le trajet de l’un à l’autre est assez long pour avoir une furtive envie de vomir. Mais le grand point positif c’est que nous avons tracé avec une moyenne de 8 noeuds et nous n’avons navigué qu’une nuit au lieu de deux comme prévu. 

Nous sommes arrivés au Bélize dans un état de fatigue assez avancé… Nous avons fait notre entrée et quelques courses à Bélize City qui s’est avérée assez moche et nous avons récupéré Mihaëlle, la maman d’Alex et son amie Fabienne. Puis, direction le paradis…

 

 

 

 Mihaëlle à gauche et Fabienne à droite!

 

 

 

 

 

 

Le Bélize est surtout connu pour avoir la deuxième plus grande barrière de corail après l’Australie, et des centaines de petites îles paradisiaques que l’on nomme les « cayes ». 

Les cayes près de la barrière de corail offrent de belles plongées riches en vie dans une eau limpide, celles à l’intérieur sont souvent peu habitées, complètement sauvages et entourées de mangrove. Et vous savez qui vit dans ces mangroves??? Le Lamatee!!!!!!! Le Lamatee c’est un condensé de « manatee » (lamantin en anglais) et « Lamantin », bref un titou quoi! Et un de mes rêves était de voir un lamantin… Je savais qu’en Floride il était possible de nager à leurs côtés pendant des heures… 

 

Chaque matin je guettais le « Lamatee », demandant aux locaux où ils se trouvaient, mais pas la moindre trace de cet animal qui peut faire jusqu’à 4 mètres et 1500 kg! Du coup, nous avons fait une sortie avec un guide sur place qui les connait bien et nous avons eu beaucoup de chance car il était hyper respectueux des animaux. Il nous a mené dans une mangrove, a coupé son moteur et nous avons attendu un long moment sans le moindre signe de vie.

 Pour moi les lamantins allaient être visibles comme des dauphins, surtout dans une eau aussi plate que celle d’un lac! Et bien pas du tout! Et là le guide m’a scotchée car il percevait sous l’eau des traces de boue qui marquait le passage d’un lamantin, il arrivait à les voir et nous, nous ne voyions rien! 

J’ai été extrêmement impressionnée par la discrétion de cet animal. Et c’est dans ce silence de mort qu’une autre barque est arrivée avec d’autres touristes et c’est le moteur à fond qu’ils sont allés tout près des animaux en lâchant les touristes à l’eau! Notre guide avait bien conscience que cette méthode allait les faire fuir plus qu’autre chose… Nous avons laisser l’autre barque repartir et après bien 2 heures à guetter partout, à savoir qu’il y en a par là mais sans vraiment les voir, nous finissons par apercevoir deux museaux qui remontent à la surface respirer. Cela ressemble à deux boules de bowling qui flottent! À ce moment là, Alex est dans l’eau pour se rafraichir, il s’avance doucement et aperçoit sous l’eau une mère et son petit qui s’enfuient. 

Bon, cette rencontre est loin d’être comme celle que j’avais imaginé avec les lamantins qui se laissent gratouiller le ventre!!!!!

 

 

 
 

A la recherche du lamatee!

 

 

 

 

On décide de se mettre à l’eau et d’en chercher d’autres moins vulnérables qu’une mère et son petit, la visibilité est bien sûr très mauvaise, mais j’aime trop cette sensation d’être très discret et d’attendre des heures avant d’apercevoir un animal sauvage. 

 

Mais nous ne voyons rien et le guide  décide d’aller sur un autre site voir des oiseaux. Sur le chemin il s’arrête d’un coup, il semble avoir vu quelque chose, et bien sûr, nous, nous ne voyons toujours rien. Nous attendons quelques minutes et voilà qu’un lamantin remonte sous la coque du bateau!

 

 Alex et moi allons à l’eau pour tenter de nager à ses côtés, il faut faire vite avant qu’il ne se fonde dans la vase! Et comme toutes les rencontres avec les mammifères marins, le meilleur moment c’est quand leur silhouette apparait sous l’eau…c’est indescriptible comme sensation, on rentre dans leur monde, on croise leur regard, on les voit en vrai!!!!! Le lamantin a nagé vers nous puis il semblait quand même nous fuir plus qu’autre chose mais sans nager trop vite. Disons qu’il a été curieux et qu’au final, on ne l’intéressait pas vraiment… Mais j’ai pu nager à ses côtés durant une minute et 53 secondes!!! Je le sais car je l’ai filmé et qu’il était trop trop trop beau! 

 
 
 

Nous longeons une île où nichent les frégates et les fous bruns, l’odeur est assez forte!!!!

 

 

 

 

Nous sommes restés quelques jours à Tobacco Caye, tout était si beau, si paisible, si parfait! Nous avions notre QG, un restau face au coucher de soleil que nous admirions chaque soir après avoir nagé avec les hippocampes et les raies… C’est là que le vomi prend tout son sens. Je veux dire qu’on comprend pourquoi on s’inflige de telles souffrances et d’ailleurs on ne se souvient même plus avoir souffert! Arriver dans de tels endroits juste par nous même c’est incroyable!

 

 

 

Tobacco Caye

 

 

Le rendez-vous du soir

 

 

Après 3 jours sans wifi...

 

 

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Mais naviguer au Bélize n’est pas de tout repos puisqu’il n’y a la plupart du temps guère plus que 3 mètres de fond et notre tirant d’eau est de 2,70 mètres! D’ailleurs la plupart des cayes nous étaient inaccessibles. Mihaëlle et Fabienne nous ont été d’une grande aide car notre profondimètre n’est lisible qu’à l’intérieur du bateau, et elles se relayaient en criant « 4 mètres! », « 3 mètres!!! » « 2 MÈÈÈÈTRES!!!! » Bon, nous avons touché quelques fois…mais que du sable… Finalement nous nous en sommes pas trop mal sortis, les fesses un peu serrées!

 

 

Et nous avons adoré South Water Cayes!

 

 

Avec d’aussi beaux couchers de soleil.

 

 

 

 

 

Nous avons croisés quelques titous plutôt trop choupinous:

 

 

Making of des prochains petits films pour Youtube, mon appareil posé sur le sable filme la limace

 

 

 

Après cette parenthèse enchantée, nous retournons à Bélize City pour déposer Mihaëlle et Fabienne, et nous nous arrêtons dans une dernière caye protégée du vent. Nous retrouvons dans ce mouillage désert une famille de français croisée au Mexique!

Ils nous touchent vraiment car ils en bavent sur leur voilier et ne peuvent cumuler cette vie extrême avec deux enfants en bas âge. Il leur est arrivé que des galères du genre impossible de démarrer le moteur! Ils étaient à Cuba où aucune pièce ne peut être importée, ils ont du retourner au Mexique et mouiller uniquement à la voile…Elle a le mal de mer et lui gère seul la navigation, ils ont des enfants de 1 et 3 ans et je suis méga admirative de leur courage!

Comme nous allons à Bélize city, ils changent leur programme et nous suivent. Ils restent un mois au Bélize puis ils iront au Guatemala avant de revendre leur bateau, et rentrer en France. Ils vont attendre que les enfants grandissent avant de reprendre l’aventure en mer.

 

Heureusement à Bélize City nous pouvons profiter de la piscine de l’hôtel en face de notre mouillage.

 

 

 

Car la mer est maronnasse sans aucune visibilité. Mais chaque soir, nous avons la très heureuse surprise d’avoir un groupe de dauphins qui tourne autour du bateau. En fait, de notre cabine nous entendons leurs souffles. C’est juste la méga classe d’entendre les dauphins de sa chambre!!! Alors nous sortons sur le pont pour admirer leurs ailerons briller sous la pleine lune; et surtout, écouter leurs souffles dans le calme de la nuit!

 

Au Mexique nous avons eu un souci avec une pompe qui marchait tellement bien qu’elle a pompé toute l’eau douce à bord située dans la quille! Nous venions juste de faire le plein!!! Et dans la suite de notre trajet, impossible d’accéder à une marina pour remplir à nouveau notre réservoir d’eau, toujours à cause de notre tirant d’eau. Du coup nous avons fait des allers-retour en remplissant 5 bidons de 20 litres que l’on versait à chaque fois dans la quille. Et bien je vous assure que se trimballer les bidons du bout du quai, à l’annexe et au bateau en se cassant le dos, ça donne une notion très précise de la préciosité de l’eau!!!

 

Nous avions prévu de laisser Diatomée au Bélize pour rentrer à Paris au mois de juin mais les marinas étaient hors de prix ou inaccessibles. Du coup en cherchant longuement le meilleur endroit avec une marina pas chère et des vols faciles et accessibles pour Paris, nous avons opté pour l’île de San Andres! C’est une île colombienne au large du Nicaragua. C’est un peu le « Ibiza » colombien!

 

 

 

 

Mais pour aller à San Andres, nous avons le vent et courant de face et il faut éviter les côtes du Honduras et du Nicaragua cause piraterie. Alex appréhende beaucoup et il regarde la météo toutes les heures, réfléchit au meilleur trajet pour pas avoir le vent de face, sans se rapprocher des côtes et sans faire trop de miles en plus. Dès qu’il ouvre la bouche, c’est pour parler de la prochaine navigation! J’avoue que je me moque un peu de lui!

 

Je reprends ce carnet de bord après la traversée! Effectivement on en a chié!!! Le vent vient de l’est et on voit bien sur la carte toute la route qu’on avait à faire vent et courant de face entre le Bélize et le nord du Nicaragua. Nous avons donc louvoyé, c’est à dire zig zagué, mais on arrivait pas à être au prés serré à cause du courant et à chaque fois on allait très au nord et très au sud et on avançait peu vers l’est.

La première nuit notre pilote automatique nous a lâché, autant pour la traversée Mexique/Bélize où j’étais très malade, je l’aurais très mal vécu, autant là, je me suis tout de suite fait une raison. De toute façon les navigations étaient tellement dures qu’on n’était plus à ça près. Des vagues, de l’eau par dessus bord, tout qui valdingue, la porte du frigo qui s’ouvre et le taboulé et la salade de lentilles partout par terre. 

J’ai eu la chance d’être peu malade, seulement 2 fois sur 7 jours. Par contre nous n’avons presque rien mangé et rien bu, surtout moi et chaque jour je m’affaiblissais. Mais impossible d’avaler quoique ce soit, j’ai fait confiance à ma forme physique de fond…

Nous étions plus amoureux que jamais, seuls dans ces conditions aussi difficiles, il fallait qu’on compte l’un sur l’autre et qu’on assure. Je barrais beaucoup et Alex a géré toutes les manoeuvres de voile et les divers problèmes qui survenaient au fur et à mesure. J’admire tout ce qu’il peut faire quand le bateau bouge autant, j’en suis absolument incapable. Et surtout, en tant que capitaine, il a des responsabilités et des décisions pas simples à prendre. 

 

Arrivés au nord du Nicaragua, nous avions fait le plus dur et en tournant le vent allait être davantage favorable. Mais le moteur s’est éteint et il n’a plus voulu redémarrer. Alex y a passé des heures, parfois nous nous laissions dériver. La pompe d’alimentation en carburant semblait défectueuse. Il en a bidouillé une autre, ajusté, réajusté…mais à chaque fois, le moteur finissait par s’éteindre malgré nos doigts croisés et nos sourcils froncés.

 
 
 

 

 

 

Pour aller à San Andres il y a beaucoup de hauts fonds et de coraux, c’était beaucoup trop dangereux d’y aller juste à la voile.

Nous avons hésité du coup entre les Iles Caymans et retourner au Mexique. Le spécialiste Volvo avec qui nous avons pu entrer en contact nous a conseillé le Mexique.

Et là, franchement, je nous lance un peu des fleurs, on a grave assuré! 

Le trajet retour était l’inverse de l’aller: nous tracions entre 8 et 10 noeuds (ça ne nous était jamais arrivé), nous avons fait face à des rafales de 40 noeuds dans la nuit noire, à des moments sans vent à avancer à 1,5 noeud en essayant de tenir le bateau pour qu’il ne fasse pas un tour sur lui même!

Nous étions extrêmement fatigués, barrer chaque nuit étaient de plus en plus difficiles si bien que nous avions tous les deux des hallucinations! Nous voyions des images d’un rêve qui commence, en étant plus ou moins réveillés!

Arrivés à Cancun, tous prés de la marina, un bateau nous appelle à la VHF car nous fonçons sur des nageurs! C’était une compétition de nage entre Cancun et Isla Mujeres! Alex comme toujours réagis au taquet! Il baisse les voiles et  pose l’ancre. Il y a seulement 8 mètres de fond. Nous devrons attendre une heure que les nageurs traversent et nous en profitons pour commencer l’ÉNORME ménage qui nous attend à bord!!!! Nous retrouvons notre vitalité avec l’arrivée qui approche et la fin de cette traversée éprouvante!

Une fois mouillé devant la marina, là encore à la voile, une petite barque est venue remorquer le bateau jusqu’à la marina. J’aurais imaginé un énorme remorqueur, mais non!

 

 

 

 

 

 

Le problème c’est qu’au moment d’accoster parallèle au quai, ils ont accéléré à fond pour nous donner assez d’élan, et là, le bateau allait beaucoup beaucoup trop vite si bien qu’il a cogné très fort contre le quai, les pare-battages sont tous remontés avec la vitesse du bateau et la coque a raflé tout le long du quai… Pffff comme si on avait pas assez eu de merde comme ça!

Moi je m’en fou un peu, le plus important sera toujours qu’il ne nous arrive rien à nous, et rien de grave à Diatomée <3.

 

 

 

 

 

Cette traversée, c’était comme un marathon, on sait qu’on va en chier mais on y va quand même car on sait qu’après, on aura une satisfaction personnelle, l’envie de se dépasser, de vivre des choses extrêmes. Et c’est comme une randonnée au GR20, sur le moment on se dit « putain plus jamais ça! » Et après de retour à paris « C’était trop génial !».

 
 
 

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Et le retour à Cancun n’est pas désagréable vu la couleur de l’eau!!!! Le plus dur c’est de se dire qu’on va devoir se retaper la traversée en Juillet alors que nous aurions du être déjà tout prés du Costa Rica…Cette aventure était très intense à vivre et finalement, les deux fois où j’ai craqué, c’était quand j’ai eu le mal de mer. C’est vraiment une plaie ce truc! Je pense peut être essayer l’hypnose, je crois que ça marche pas mal… Que mon cerveau sache que ce n’est pas une indigestion!

 

Nous allons essayé d’aller quelques jours se reposer dans un hôtel à Cancun et reprendre des forces, mais nous avons beaucoup de choses à régler sur le bateau avant et les journées sont très chargées!

 

Prochain carnet de bord en Juillet!!! Nous rentrons à Paris pour le mois de Juin!

 

 

 

Le dessin de Gé mon talentueux beau-frère qui illustre bien les hallucinations d’Alex!

 

 

Conseils pour naviguer au Bélize

 

 

 

Pour faire l'entrée à Bélize city, il faut mouiller juste devant l'hotel Radisson Fort George, et le responsable sur le quai appelle toutes les personnes nécessaires pour faire l'entrée ou la sortie pour 30 dollars, ce qui évite de courir partout! Nous avons profité des deux piscines de l'hotel! La ville est moche et il n'y a rien à faire. Accessible à pied il y a des supermarchés, marchands de fruits et légumes et beaucoup de grands magasins de bricolage. Pour la laverie, un taxi est nécessaire et ce sera toujours moins cher que la laundry de l'hotel.

 

Nous n'avons pas fait beaucoup de cayes mais je conseille celles prés de la barrière de corail car les plongées sont très belles: Tobacco Caye: avec un super resto et du wifi. South Water caye: pas de wifi mais très beau quand même.

Nous n'avons pas pu mouiller à bluefieldrange car il y a beaucoup plus de hauts fonds qu'indiqués sur navionics. Le mouillage à Robinson est très protégé mais il n'y a pas grand chose à faire.

Je crois que l'entrée à San pedro est très sportive entre plusieurs patates de corail.

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