Tikehau

 

 

 

Septembre 2022

 

 

 

 

 

 

 

Nous quittons l’île de Makatea à l’aube avec comme spectacle un magnifique lever de soleil. Nous allons vers le nord, direction l’île de Tikehau avec enfin du vent de travers et une navigation sans moteur! Le bateau trace à 8 noeuds avec peu de voile, cela fait trop plaisir! 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous arrivons à Tikehau à 11h, avec une heure d’avance! Mais comme il y a beaucoup de vent, nous n’irons pas dans le mouillage tout prés de la passe (alors qu’il sera bien protégé au final), mais nous allons ancrer juste devant l’hôtel, ce qui nous rajoute deux heures de navigation car le lagon est très très grand! La navigation se fait sous vigilance accrue pour éviter certaines patates de corail.

 

Notre première impression n’est pas des plus positives, en fait le vent souffle très fort absolument non stop ce qui est très fatiguant, de nombreuses vagues font sans cesse bouger le bateau, le lagon est tout trouble, aucun intérêt pour nager, le mouillage n’a pas le confort qu’on espérait. Et l’hôtel ne peut nous recevoir à diner car ils sont complets. 

 

Nous passerons donc nos premières journées à explorer les motu aux alentours, avec nos serviettes et notre pique nique! 

 

 

 

 

 

Parfois il y a des petites cabanes comme laissées à l’abandon, et en s’approchant, nous nous apercevons qu’il y a tout ce qu’il faut pour dormir et cuisiner…!!!

 

 

 

 

 

 Nous allons vers les motu de sable rose en dinghy, cela relève de l’expédition car le vent et les vagues sont de face. Nous sommes bien trempés et secoués et nos affaires doivent être bien fermées dans des sacs étanches. Mais le lieu est magnifique! 

 

 

 

 

 

 

 

Nous faisons de longues balades autour des motu qui forment des immenses étendues comme des marais salants, des petits lacs abrités, véritables nurseries pour les raies et requins version miniature ❤️❤️❤️

 

 

 

 

 

 

Il est aussi facile d’observer les crabes et les oiseaux.

 

 

 

 

Si j’oublie les fourchettes, une branche de cocotier nous sauvera la mise!

 
 
 
 

 

 

 

Cela est idyllique mais pour y passer la journée il faut quand même un bon bouquin! Je me régale avec la trilogie des chroniques de Tahiti qui suit une famille vivant à côté de Papeete, et tellement représentative de leurs coutumes, leur façon de parler, de penser, radio cocotier, les cousines et taties omniprésentes, l’importance de la famille, de la religion, du partage, du respect, de la politesse… Les femmes  qui gèrent le ménage, la nourriture, les enfants, les hommes qui travaillent mais surtout qui boivent des bières avec leurs copains. Ce récit détaillé de cette culture que nous observons depuis un an et demi est particulièrement juste.

 

 

 

 

 

 

 

Alex lui, reste très binaire, ses lectures concernent soit le moteur, soit son plus grand héros, Corto Maltese!

 

 

 

 

 

Encore et toujours, certains couchers de soleil sont hallucinants!

 

 

Le vent ne baissant pas, nous décidons d’aller au village en dinghy! Traduction : 35 minutes de tape cul et de vagues dans la gueule (surtout pour le retour). Nous sommes trop contents de trouver de l’essence ( en interrogeant de nombreux locaux), ce qui nous ouvre le champs des possibles quand à nos virées dans le lagon. Car Alex est particulièrement soucieux s’il faut bouger Diatomée avec les nombreuses patates de corail. La plupart sont visibles, mais celles à 2,50 mètres de la surface? Est ce qu’on les voit? Cela l’angoisse au plus haut point, car avec un safran pété dans les Tuamotu (loin de tout), t’as bien l’air con…

 

 

 

 

 

 Voici la route principale…

 

 

 

…et le bureau de poste!

 

 

 

 

Voilà! Vous avez tout vu! Non, il y a aussi deux épiceries et trois snacks! Mais cette route interminable en plein cagnard rend l’endroit un peu hostile. Heureusement une belle plage avec des rochers noirs coté récif nous offrent une belle balade.

 

 

 

 

 

 

 Nous croisons Denis Grosmaire avec qui Alex est en contact depuis quelque temps puisque le monde de l’apnée est tout petit! C’est le grand champion tahitien, il descend jusqu’à 105 mètres!!! Il est passionné par les requins tigres présents dans la passe de Tikehau!, et il plonge avec eux depuis des années! Il les a nommé et vu grandir!

 

Grace à notre surplus d’essence, nous allons jusqu’au motu entouré de raies manta. C’est un long trajet mais ça vaut le coup car il y a peu de courant et les raies sont assez proches de la surface. La visibilité n’est pas bonne mais les raies sont bien là, elles viennent se faire déparasiter par des petits labres. 

 

 

 

 

 

 

 

Le vent semble un peu baisser (bof bof), du coup Alex est motivé pour aller au mouillage tout prés de la passe, pouvoir enfin plonger. Car nous qui aimons tant nager et plonger, ici nous sommes malheureux!

Mais un voilier a mouillé juste devant nous, au niveau de notre ancre et pour partir nous avons peur de lui rentrer dedans. Nous l’appellerons colle-cul. Colle-cul est ok pour bouger si jamais il nous gêne, il restera vigilant pendant notre manoeuvre. Colle-cul nous rassure sur les patates du lagon et nous conseille d’aller mouiller au Garden Eden plus au nord. Mais pour l’instant, nous allons à la passe, 2 heures de navigation, Paris-Lyon.

Nous mouillons en face d’un village de pêcheur, dans un endroit enfin protégé des vagues, mais pas du vent.  

 

 

 

 

 

 

 

Les balades sur le récif sont un vrai plaisir car protégées du vent! Nous y trouvons toutes sortes de trésors, mais principalement des squelettes!

 

 

 

 

 

Un poisson flûte, un crabe et un poisson perroquet.

 
 
 
 

 

Nous sommes impatients de découvrir la merveilleuse passe de Tikehau connue pour être l’une des plus poissonneuses des Tuamotu! Nous devons bien regarder les horaires des marées pour y plonger courant rentrant et non pas sortant, qui t’expulse direct au milieu du Pacifique.

Et là, grosse déception… Oui, il y a des poissons, parfois des grands bancs, mais bon pas plus qu’ailleurs. La visibilité est toujours trouble, rien d’exceptionnel! Rhoooo! Mais c’est que nous devenons difficiles!!!!

Nous y retournons et sur les conseils de Denis Grosmaire, nous restons davantage au milieu, c’est ici que nous aurons peut-être la chance d’apercevoir un requin tigre! En le cherchant, nous faisons quelques photos dans ce paysage très lunaire…

 

 

 

 

 

 

Et enfin, une apparition très furtive…Le requin tigre!

 

 

 

 

 

 

 

Nous y retournons le lendemain remplis d’espoir et d’excitation, surtout que le même jour, Denis a aussi vu un grand requin marteau!

Nous faisons des allers et retours dans la passe, en cherchant partout. À tout moment un gros animal peut apparaitre! Nous observons les poissons et leur comportement parfois hyper agressif les uns envers les autres. Et puis, le grand requin marteau! Il est là, au fond, nage sous nous! Il a l’air tranquille mais en fait il trace grave et il disparait assez vite de notre vision… Mais bon quand même, nous sommes hyper heureux! Ce sont des animaux exceptionnels difficiles à voir si l’on ne passe pas des heures dans l’eau et si on ne les appâte pas bien sûr.

Juste avant de remonter dans le dinghy, un requin tigre apparait! Je le suis depuis la surface et je dois palmer à fond la caisse! Quand j’ai l’impression qu’il ralentît, je descends en apnée mais après le sprint je n’ai aucun souffle et je dois vite remonter respirer! Ce seront nos trois grandes rencontres de la passe de Tikehau!

 

Nous allons aussi sur les conseils de Denis au jardin de corail. Mais cela nécessite encore 30 mn de dinghy tape-cul/vagues dans la gueule et nous espérons vraiment que cela vaille le coup!!! Et bien nous ne sommes pas du tout déçus! Nous n’avions jamais vu une telle architecture corallienne ! Alex a oublié d’éteindre son appareil photo du coup plus de batterie, nous sommes dégoutés! Heureusement j’ai ma Gopro!

 

 

 

 

 

 

 

Il est l’heure de changer de mouillage, d’aller plus au nord. Soit nous y allons direct en 2 heures en passant par une zone peu cartographiée avec une vigilance optimale pour éviter les éventuelles patates de corail. Soit nous passons par le chenal un peu plus sûr qui fait quand même faire un énorme détour. Ceux qui connaissent Alex devine notre choix: la sécurité avant tout. Surtout qu’Alex traverse une période de stress intense. Tout l’angoisse. Est-ce que le dinghy est bien attaché? Et notre corps mort, est ce qu’il est bien solide? Et si l’ancre ne tient pas bien? Il regarde la météo 7 fois par jour, ou son application spécial « alarme si on dérape ». Même si ces dangers sont réels, ils restent peu probables et son inquiétude est vraiment démesurée par rapport à la situation. Il s’en rend bien compte en voyant les autres navigateurs super décontractés « mais bien sûr vous pouvez aller au nord! Il faut juste surveiller les patates, c’est tout! ».

 

 

 

 

 

 

 

4 heure de navigation pour aller au Garden Eden. Paris-Toulon. Je ressens un tel manque de la métropole que j’aime avoir ces références. Je rêve de La Rochelle, Saint Jean de Luz, Paris (bien sûr), mais aussi du lac Léman et de Hyères! Si souvent beaucoup nous envient, je vous ai aussi envié cet été en voyant vos vacances!!!!

 

 

 

 

 

 

 

Enfin un mouillage sans vague et à l’abris du vent!!!! Ouf, cela nous repose! Nous nous sentons bien dans cet endroit. Il y a seulement deux autres bateaux bien loin de nous. Et plein de Motu où passer la journée!

 

 

 

 

 

 

 

Un jour nous y allons à la nage, l’autre en paddle, puis encore un autre en dinghy! Ça y est! Nous avons fait toutes les activités possibles et inimaginables!

Mais qui vient mouiller juste à côté de nous alors qu’il y a toute la place? Colle-cul! C’est d’ailleurs à partir de ce moment là que nous l’avons appelé colle-cul, nous ne sommes pas aussi ingrats!!!

 

 

 

 

 

Mon moment préféré du mois: quand la lune se lève pile au coucher du soleil!

 

 

 

 

 

 

Tout prés de notre mouillage, vit une communauté de chinois complètement en autarcie. Ils cultivent eux même sur leur petit motu des fruits et légumes. Ils ont des cochons et des poules qui leur servent aussi d’engrais pour faire pousser leur potager sur le corail. Ils acceptent de vendre un peu de légumes aux voileux et cela nous rend bien service! Nous devons attendre à l’entrée pour être servis: salades, aubergines, menthe, basilic et moringa! 

 

 

 

 

 

Depuis le Covid, ils refusent que les touristes s’approchent trop alors qu’avant nous pouvions visiter leurs plantations.

 
 
 
 

 

 Voici des branches de Moringa, nous consommerons ses feuilles en omelette! C’est un petit arbuste descendu de l’Himalaya, il regorge en vitamines C,B,A, riche en potassium, magnésium et fer! C’est un super aliment que nous avons connu grâce à Fanny et Caro du Ma’a dans le bocal.

 

 

Revenons à nos chinois qui vivent de leur culture « comme à l’ancien temps ». Cela peut faire  rêver mais les panneaux devant chez eux font plutôt flipper…

 

 

 

 

 

 

Apparemment ce n’est pas une secte même si cela y ressemble un peu. En tout les cas y’a un prophète, Dieu et Cie… 

 

Je suis mauvaise langue en disant que nous avons fait le tour des activités car il y a aussi le motu aux oiseaux! Mais il est loin et avec le vent et les vagues, en dinghy, cela relève de l’expédition encore une fois. Du coup, nous pensons y aller avec Diatomée, un petit stop avant de repartir dans le sud de l’île. Alex n’en dort pas de la nuit. Il a lu avant de s’endormir qu’il fallait faire attention aux vestiges d’exploitation d’huitres des fermes perlières visibles qu’au dernier moments. Nous décidons donc d’y aller en dinghy avec un très bon soutien gorge!

 

 

 

 

 

 Impossible de ne pas penser au film d’Hitchcock, imaginez le bruit, et l’odeur… Sauf que les oiseaux ne sont vraiment pas agressifs. Pourtant la plupart sont posés ici pour couver leurs petits.

 
 
 
 

 

L’oisillon de la sterne blanche.

 
 
 
 

 

 

 

Et les stars de l’île sont bien sûr les fous à pieds rouges! Les fous sont nos oiseaux chouchous, ceux qui louchent, qui se posent sur le bateau, qui dorment sur notre éolienne qui tourne…Ils sont aussi beaux que surprenants! Notre guide sur les oiseaux dit que l’espèce à pieds rouges est répandue, mais c’est bien la première fois que nous en voyons!!! Même aux Galapagos, ils sont visibles sur un petit territoire et nous les avions loupés.

 

 

 

 

 

Le bébé du fou à pieds rouges!

 
 
 
 

 

L’espèce la plus nombreuse à nicher ici est le noddi noir.

 

 

Si les oiseaux sont très nombreux sur cette petite île, c’est simplement parce qu’il n’y a pas de rat, leur principal prédateur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Tout prés du motu aux oiseaux, le corail a une forme vraiment incroyable!

 
 
 

 

 

 

Nous retournons au mouillage prés de l’hôtel, et comme il fait gris, nous décidons d’aller courir sur  la grande route de l’île principale. Il est 11h. Le temps du trajet et de se mettre à courir, les nuages se dégagent et le soleil bat son plein… à l’heure la plus chaude de la journée!!!! Nous courons en plein cagnard avec je ne sais quelle motivation. Ah si! Nous sommes accompagnés par deux chiens errants qui nous suivent à la trace et même nous devancent. L’un d’eux est très peureux et nous ne pouvons pas l’approcher. Le problème de courir avec des chiens ici c’est que tous les chiens de garde sont direct à tes trousses à aboyer et montrer des dents! Je défends nos deux compagnons et chasse comme je peux chaque chien agressif. En les protégeant ainsi, je gagne petit à petit la confiance du chien peureux et à la toute fin du footing, je pourrais le caresser et le féliciter ce qui me remplit de joie! Rien n’est plus satisfaisant au monde que de gagner la confiance d’un animal. Bref, tout ça pour dire que quand je vois des gens courir à midi en plein soleil au mois d’aout, je me dis comme tout le monde « mais ils sont malades!!!!! », maintenant je me dirai  « ils ont du commencer sous les nuages ».

 

 

 

 

 

Il nous accompagne jusqu’au dinghy et le laisser me déchire le coeur!

 

 

 

L'hôtel n’est plus complet et nous pouvons enfin aller y diner!!!! Chouette! C’est notre grande sortie!! Pour l’occasion je mets même du mascara! Truc de ouf!!!

 

 

 

 

 

 

La tenue avant, pour le trajet en dinghy.                         La tenue après à l’abris des vagues et du vent!

 
 
 

 

 

Ce sera une de nos dernières soirées à Tikehau. Nous nous apprêtons à aller sur la prochaine île des Tuamotu, Rangiroa.

 

 

 

 

 

 

Les coucougnettes oranges a l’avant du bateau servent à maintenir notre chaîne au dessus du sable pour ne pas abimer le corail. Mais Gérald, mon beau-frère, a une toute autre explication... 

 

 

 

 

 

 

  À suivre…

 

 

 

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