Juillet 2021
Après deux mois intenses passés à Paris à profiter précieusement des amis et de la famille, nous voici dans l’avion direction Tahiti!
L’enregistrement des bagages s’est fait sueur au front puisque nos 6 bagages en soute dépassaient chacun de un ou deux kilos du max autorisé! Bon ok nous faisons le stock de produits de beauté (moi) et d’accastillage (Alex), mais ce qui faisait lourd, c'était surtout les deux paddles et les deux vélos pliables que nous ramenions sur le bateau…
Air Tahiti Nui tolère très aimablement ce léger surplus…
Nous survolons les montagnes enneigées prés de Vancouver.
Pour nous mettre dans le bain nous regardons et adorons le film « une sirène à Paris » de Mathias Malzieu. Je comptais déjà le voir au cinéma mais il est sorti juste avant le confinement…
Nous retrouvons Diatomée laissé au mouillage à Taravao en parfait état. Nous avons deux semaines pour terminer les quelques travaux commencés avant notre départ: replacer nos voiles fraîchement recousues, changer le turbo du moteur, faire réparer le frigo, et 1000 petits bricolages. Les journées sont chargées car nous sortons en mer pratiquement tous les jours avec Thomas qui tient le club de plongée juste à côté car il est déconseillé de nager dans la baie où nous sommes. Il nous prend généreusement avec lui pendant qu’il emmène ses clients faire de la plongée bouteille. J’en profite pour faire des entraînements de nage avec palme envoyés par mon entraîneur et du coup travailler aussi un peu le cardio et la monopalme que je mets finalement très peu ici…
Nous sommes donc beaucoup avec Thomas, son frère Thibault et Peggy une amie d’enfance de Thomas venue passer un mois ici!
Je me sens très proche de Peggy qui est aussi un peu l’amoureuse de Thomas (mais chut!)…
Puis très régulièrement il y a toujours une raison de faire un apéro par ci par là… Alex est aux anges mais moi je préfère danser et je me suis installée un petit coin prés du club de plongée pour mes entraînements avec un tapis spécial pour travailler mes pointes! Car grande nouvelle, j’ai commencé les pointes durant mes deux mois à Paris! Et y’a du boulot!
Et je suis allée prendre très régulièrement des cours de danse tahitienne sur la presqu'île de Tahiti, dans trois écoles différentes. J’adore de fou! La musique, les mouvements des hanches, des bras…C’est dur mais je m’accroche! Comme avec la danse classique il faut beaucoup d’heures de travail avant de ressembler à quelque chose et ce sont des activités qui motivent pour se surpasser. Les danseuses tahitiennes roulent des hanches si vite avec une telle souplesse! Je ressemble à une asperge congelée à côté!!!! Mais bon, l’important c’est le plaisir qu’on prend…
Où est Charlie?
Un énorme changement pour nous aussi c’est d’avoir enfin des vélos! Cela augmente considérablement notre champ d’action qui jusque-là nous permettait d’aller seulement au supermarché du coin! Nous voici maintenant à la conquête de l’île! Nous allons plusieurs fois à Teahupoo dans le sud de la presque’île rendre visite à Ben Thouard (grand photographe de surf et de mer, allez voir son insta c’est incroyable!!!). Je suis indépendante pour aller à mes cours de danse de l’autre côté de la ville! Tout est plus simple: laverie/courses/resto/visites…!!!
Au large du petit village de Teahupoo il y a la fameuse vague très connue des surfeurs qui par forte houle ne permet qu’aux champions de monde de surfer!
Au bout du bout de la presqu'île, dans un endroit accessible uniquement à pied, voici ce que nous trouvons...
Petit coup de blues le jour de mon anniversaire… d’être si loin de mes proches. Mais Thomas assure grave et m’offre un gâteau inspiré de mon tatouage… Je n’en reviens pas!!!! Je n’avais jamais eu un si beau gâteau de toute ma vie :-)))
À la marina, devant le club de plongée, tous les vendredis soirs, il y a ce que Thomas appelle « le club de lecture » (traduire « alcool et chips à volonté à parler de tout et de rien mais pas trop de livres »…)
Alex anime le temps d’un week end un stage de photographie sous marine. Il se débrouille comme un chef car les 6 stagiaires sont tous à des niveaux d’apnée et de photographie très différents. Entre théorie et pratique, chacun a travaillé sur sa créativité ce que souhaitait Alex avant tout…
Quelques clichés réalisés par les élèves:
Alex est trop heureux de passer une journée avec Seb, un ami d’adolescence avec qui il avait créé un groupe de musique de Ska! Seb est en vacances dans la famille polynésienne de sa copine!
Les baleines commencent à venir doucement d’Antarctique pour mettre bas et se reproduire. Mais elles seront surtout présentes à partir du mois de septembre. En les attendant, nous partons début aout pour visiter les îles de la société, à l’ouest de Tahiti. Nous commençons par Maupiti , la plus éloignée, puis Bora Bora, Tahaa, Raiatea et Huahine.
Nous naviguons deux jours et une nuit pour aller à Maupiti. Je suis toujours aussi sensible au mal de mer et je ne lâche pas mes stugeron, cachets miracle qui m’aident à supporter ces moments plutôt pénibles pour moi. Il y a très peu de vent et nous faisons tout le début au moteur. Alex est méga stressé pour entrer dans la passe de Maupiti qui est réputée pour être très dangereuse en cas de houle. Il regarde l’application « houle » toutes les 30 minutes. La passe est toute petite et les courants sont donc beaucoup plus forts. En cas de forte houle, personne ne peut entrer ni sortir.
Après avoir demandé l’avis de tous les gens croisés depuis une semaine sur la possibilité de pouvoir entrer facilement dans la passe, Alex appelle quand même les pensions de famille situées à l’entrée de la passe pour être bien sûr sûr que ce soit faisable…!!! 45 minutes avant d’arriver il me fait démarrer le moteur pour qu’il soit bien chaud et assez puissant pour faire face au courant sortant. Moi je suis comme d’hab un peu à l’ouest sur le potentiel danger et ma zénitude équilibre sa stressitude.
Effectivement Diatomée doit bien serrer les fesses pour rentrer et garder le cap avec toutes les turbulences! C’est assez impressionnant! Nous mouillons en fin de journée où les zones de sable et de corail sont difficilement perceptibles. Et nous mouillons un peu dans le corail mais qui semble mort…
L’entrée dans le lagon n’est effectivement pas très large!!!!
Nous faisons le tour de l’île à pied, une route plate peu fréquentée par les voitures qui fait environ 10 km. Nous croisons de charmantes habitations mais je suis étonnée de voir que la plupart ont transformé leur jardin en cimetière!!! Chacun vit avec ses tombes… Cela permet aussi d’être sûr aux familles que le terrain ne soit pas revendu par les petits enfants!!!
Ici les morts prennent une grande place dans le coeur des gens, mais surtout dans le jardin!
Une maison bâtie uniquement à partir de coquillages!
Les coqs et les poules vivent nombreux en liberté sur toutes les îles! Les coqs chantent non stop, même la nuit!
La seule et unique grande plage de l’île principale. Sans compter les plages des motus (petits îlots) entourant le lagon.
Chaque matin nous allons nager avec les raies manta qui viennent se faire nettoyer par des petits poissons pour prévenir des maladies et des infections. Mais nous ne sommes pas seuls! Des petites embarcations emmènent les touristes nager avec les raies. Nous attendons généralement 11 heures que les bateaux partent. Il reste toujours deux ou trois, parfois cinq raies sur le spot de nettoyage! Certaines sont immenses! Elles nous voient seulement quand on se met sur le côté, elles sont habituées à l’homme et ne sont pas farouches.
La première plongée nous ne prenons pas l’appareil photo et nous pouvons vraiment profiter d’elles. Puis les autres cessions, nous essayons de faire des photos mais ça n’est pas si simple. J’aime évoluer sans palme, je trouve cela plus naturel. Sauf que je dois faire la brasse pour avancer et que ce n’est pas du tout photogénique. C’est plus physique aussi de descendre en apnée à la brasse et là il y a énormément de courant. Le temps de descendre , j’ai déjà reculé de 6 mètres derrière les raies, je dois brasser pour les rattraper, puis « poser », parfois rester assise au sol sans bouger et en me tenant à un rocher pour ne pas me faire embarquer par le courant. Je multiplie les descentes épuisantes où je n’ai pas de tuba pour récupérer (trop moche sur les photos) et où je dois nager pour ne pas trop reculer. Alex est particulièrement dur et pas encourageant. Je ressors épuisée des apnées et il a à chaque fois un discours négatif, il était mal placé, j’étais mal placée, la brasse c’est moche, ma position ça va pas, je pars pas au bon moment…nous communiquons très mal, et il y a beaucoup d’incompréhension. Quand j’enchaîne les apnées de dingue et qu’il n’est jamais content j’ai parfois des envies de meurtres!!!!!
Chaque matin je finis par appréhender et ne plus prendre de plaisir. Je remets les palmes. Mais faire des photos ne nous permet pas d’être vraiment avec les animaux… en tout cas pour moi… Est ce que j’ai pas l’étiquette du maillot qui dépasse? Un téton qui sort? Un beau profil? les petites mèches des cheveux bien rentrées?
Ce genre de séances « difficiles » n’arrivent que quand les animaux sont « à disposition », comme ces raies présentes chaque matin. Les photos sont rarement prises sur le vif mais beaucoup plus calculées et nous rendent perpétuellement insatisfaits car nous avons toujours le temps de faire mieux…
Petit moment de socialisation chez les raies aigle…
Juste avant notre départ, nous faisons une dernière plongée avec elles après avoir bien parlé et s’être mis d’accord sur ce qu’on désirait l’un et l’autre. Je pars un peu avant Alex à la nage et je rejoins le bateau du seul club de plongée de l’île qui est sur le départ. Le mec me dit « c’est à vous le bateau bleu? », je réponds « oui » et je m’attends à ce qu’il me dise « il est très beau! ». « Vous êtes ancrés en plein sur le corail et c’est pas bien du tout, c’est un lieu sacré ici où les raies viennent se faire nettoyer et là vous détruisez tout »… Je suis trop trop mal. Le mec a grave raison. C’est pas du beau corail, il est même à moitié mort, mais il y a du sable autour et nous avions prévu de changer de place mais pourquoi nous ne l’avons pas fait? Nous nous sommes dit que désancrer et réancrer ferait sans doute plus de dégâts…
Le mec ajoute « et puis je vous vois faire de l’apnée avec les raies, elles n’aiment pas du tout ça! Hier il y en avait 15 et aujourd’hui il n’y en a plus que 4! » Le mec sous entend que c’est à cause de nous, je n’en reviens pas! Hier c’était dimanche et il y avait 10 bateaux à moteur sur elles! Quand nous sommes allées les voir à la palme il y en avait déjà que 4!!! Et à chaque apnée nous sommes très calme dans l’eau, nous arrivons toujours par côté pour ne pas les surprendre, et nous ne nous approchons jamais trop prés! Bref, sur ce genre de spot chacun trouve que l’autre ne fait jamais assez bien…
Comment passer en 30 secondes de la « gracieuse sirène nageant en harmonie avec les animaux » à « gros porc de voileux venant faire chier les raies! »
Nous mouillons sur le sable juste après ça mais continuons de nager avec les raies comme nous le faisions car sa réaction est totalement injustifiée (le mec ne nous a jamais vu sous l’eau!!!)!
Nous nous attaquons à la superbe rando qui mène au point culminant de l’île: 385 mètres! Ici les randonnées se font aussi bien avec les mains qu’avec les jambes! C’est de la varappe à la limite de l’escalade! Nous frôlons souvent le vide et mieux vaut ne pas avoir le vertige… mais les efforts sont largement récompensés par le point de vue à 360°!
Où est Charlie?
Nous faisons le tour des motus (petits îlots) souvent accompagnés par des chiens qui ne nous quittent plus!
Un Charlie se cache aussi ici! (Ce sont les jeux de l’été!)
Après une semaine à Maupiti, nous partons tôt le matin pour Bora Bora. La navigation se fait vent de face et je passe 7 heures allongée dans la cabine à comater. Alex m’appelle pour chaque virement de bord. Je n’ai pris mes cachets que la veille au soir au lieu de les prendre 24 heures avant, et je sens la différence!
Souvent les gens déconseillent cette île trop touristique, mais les hôtels sont dans l’ensemble discrets et les bungalows sur pilotis se fondent dans la nature. Elle reste très sauvage et le snorkeling y est incroyable!
A peine mouillé nous sortons nos vélos à la conquête de l’île! Quelques boutiques de souvenirs dont les fameuses perles d’huitre, un super U et plein de petits marchands sur le bord de route vendant des fruits et des légumes.
Nous passons une journée avec Vincent et Tanja, des amis apnéistes parisiens venus passer leur lune de miel en Polynésie!
Nous profitons des beaux et bons resto de l’île!
Nous consacrons une journée à faire le tour de l’île en vélo (32 km) et si les différents villages ont tous beaucoup de charme chacun à leur façon, nous sommes tristes de voir qu’il y a quand même beaucoup d’hôtels en construction…
Nous tentons aussi d’aller sur un des sommets de l’île (660 mètres), mais d’après les guides, la rando de Maupiti semble bien facile à côté! Effectivement nous ne faisons qu’escalader une façade très pentue où les bras sont indispensables! Plusieurs cordes sont nécessaires pour certains passages. Nous suons à grosses gouttes et nous nous demandons comment redescendre tout ça!!! Nous montons presque juste au sommet mais pas complètement car nous sommes épuisés et il nous reste toute la descente aussi sportive sinon plus!
Nous profitons aussi de tous les beaux endroits sous marins, avec notre annexe ou avec le club d’apnée de Bora Bora « Bora Bora freediving Yoga »!
Nous réalisons cette photo (ci-dessus) qui est une de mes préférées non sans difficulté! Nous décidons d’aller à la plage et comme il y a eu beaucoup de vent nous ne prenons pas l’appareil photo car la visibilité n’est sans doute pas au top. En nageant nous tombons sur une pente de sable ondulée magnifique hyper photogénique. Nous décidons de retourner au bateau chercher l’appareil mais il se met à pleuvoir des cordes! Nous rentrons trempés au bateau avec nos vélos, moi archi gelée comme d’hab. Nous décidons de retourner à l’endroit en annexe pour que ce soit plus rapide. Nous remontons les vélos à bord, attendons que la pluie passe et nous y retournons. Il est déjà tard et le soleil est assez bas mais surtout caché par d’énormes nuages. Nous attendons 25 minutes dans l’annexe que le soleil réapparaisse pour une lumière beaucoup plus belle. Je tremble de froid et la remise à l’eau est dure! Mais nous faisons toute une série de photos que j’adore!
Quand nous nageons simplement nous sommes un peu moins glamour!
Comme les motus sont généralement privés, nous pique-niquons dans notre annexe mais la vue n’est pas si mal!
La houle a été très forte à cette période et le lagon est alors submergé d’une eau qui doit ressortir par les passes en créant des très forts courants. Nous sommes partis nager et sensation très bizarre, en nageant à fond la caisse on faisait du surplace et parfois même nous reculions! Impossible de reprendre son souffle pour récupérer au risque de s’éloigner du bateau et de ne plus pouvoir revenir! Nous avons nagé 45 mn comme ça sans s’arrêter et avec deux poulpes au dessous de nous qui allaient d’une patate de corail à une autre en se fondant dans le décor! C’était assez intense!!!! Et impossibilité de communiquer avec Alex au risque de trop reculer!
Après des journées très physiques, je trouve rarement le courage de m’entraîner en danse…sauf ce soir là!
Dans l’ensemble les Polynésiens sont extrêmement chaleureux, la majorité disent tout le temps bonjour « Ia orana! », et une beauté rare émane de leurs sourires et de leur gentillesse. Leurs traits sont aussi particulièrement gracieux, mais le mythe de la vahiné a pris cher avec l’arrivée de la farine blanche, des hamburgers et du coca. Ils sont quasiment tous en surpoids, mangent des grosses quantités, de la friture, du pain et pas mal d’alcool. Comme c’est un peuple qui a du traverser des océans, survivre dans des conditions rudes, ils ont certainement gardé dans leurs gènes cette faculté à stocker en cas de pénurie. Sauf que là, y’a plus de pénurie et plus de mode survie!
Ils parlent tous français mais avec un fort accent qui roule les « r ». Le tahitien utilise principalement les voyelles, il n’existe que 9 consonnes dans leur langue: f, h, m, n, p, r, t et v! Ce qui donne des mots comme « maoa » (mûr) « aniania » (vertige) « puahiohio (vent fort) « mirimiri » (caresser) « pipi » (arroser) « poro » (boule) « pupu » (offrir)… Nous avons acheté un guide de la langue mais les mots se ressemblent tellement que c’est dur de s’y mettre! Et le verbe est toujours placé au début ce qui rend la structure des phrases très différentes du français.
Nous continuons notre périple vers les autres îles de la société mais l'annonce d'un confinement général va venir perturber nos plans...
À suivre!