Tahuata, île des marquises

 

 

 

 

 

Mai 2024

 

Nous quittons Nuku Hiva sans regret et avides de nouveauté! La navigation jusqu’à Tahuata , une autre île marquisienne, durera plus de 12 heures. Pour arriver avant le coucher du soleil, nous partons à 4 heures du matin dans une nuit noire sans lune. Nous relevons l’ancre et nous dirigeons uniquement grâce à nos cartes GPS, c’est un peu flippant… Mais le lever de soleil est assez incroyable! Un petit groupe de dauphins passe nous voir très furtivement.

 

 

 

 

 

 

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Lever de soleil juste derrière l’île de Ua Huka connue pour abriter de nombreux chevaux sauvages.

 
 
 
 

La navigation reste un calvaire même si tout se passe bien, j’ai accumulé tellement d’ondes négatives à Nuku Hiva que je ne supporte plus grand chose. Nous approchons enfin du premier mouillage où nous comptions aller, et là, catastrophe… Il y a plus d’une trentaine de bateaux les uns sur les autres…ça fait pas du tout rêver! 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous décidons d’aller dans la baie juste à côté, moins réputée pour le snorkeling mais assez prés pour qu’on aille de l’une à l’autre baie à la nage.  Il y a deux petites plages de sable blanc surmontées de cocotiers et de la géante montagne, c’est absolument magnifique!

Sous l’eau c’est aussi assez chouette! Nous pouvons reprendre nos longues nages ponctuées ici de balades sur la plage! Nous croisons de nombreuses tortues, toujours nos poissons de récifs adorés, et même des raies manta!

 

 

 

 

 

À bord, nous les guettons en train de respirer tout prés du bateau!

 
 
 
 

 

Un jour, le bateau  voisin nous demande de l’aide car un énorme morceau de rocher/corail est accroché à son ancre qu’il vient de relever. Alex passera du temps sous l’eau avec une masse et un burin pour le casser afin de le décrocher!

 
 

 

Puis nous changeons de mouillage pour aller dans la baie « des dauphins », ils sont là tous les matins parait-il. Le mouillage est extraordinaire! Effectivement les dauphins sont là en grand nombre et jouent de partout. Nous sommes occupés à poser l’ancre et nous décidons d’attendre le lendemain pour aller les voir. Et bien nous ne les reverrons plus du tout! Les jours suivants ils ont complètement disparus!!!

 

Les balades sous l’eau nous font nager au dessus d’un magnifique sable blanc ondulé trop photogénique et ensuite, nous longeons des falaises.

 

 

 

 

 

 

 

Un jour, nous avons l’immense chance d’apercevoir une raie manta océanique (Manta birostris)! Elles sont très dures à voir car normalement elles vivent au large contrairement aux raies manta de récif (Manta alfredi), plus petites et avec le ventre blanc. 

Heureusement ce jour là j’ai ma Gopro ce qui est assez rare car la visibilité est vraiment mauvaise, je propose à Alex de le filmer nager à coté d’elle car il a ses palmes et moi non et elle est quand même en profondeur. Et là, j’aperçois Alex tout tout petit à côté d’elle et je réalise à quel point elle est immense, toute noire, somptueuse… La configuration des Marquises fait que c’est un des seul endroit au monde où les raies manta océaniques viennent prés des côtes pour se nourrir car c’est semblable à ce qu’elle trouve normalement au large.

 

 

 

 

 

 

 

Tous les jours nous retournerons au même endroit en espérant la recroiser, surtout qu’elle n’était pas farouche, mais cela semblait assez exceptionnel et nous ne la recroiserons plus.

Ici nous retrouvons enfin notre joie de vivre et notre créativité, cela fait un bien fou! Alex adore essayer son nouvel appareil avec des pauses lentes et expérimente plein de fonctions…

 

 

 

 

 

 

Le petit village de la baie des dauphins s’appelle Hapatoni, les habitants se comptent en quelques dizaines à peine. Le cimetière et l’église sont trop trop beaux! 

 

 

 

 

 

 

Nous décidons de faire la balade qui mène au village principal de Tahuata à 1h30 à pied. Nous en profiterons pour faire quelques courses car ici il n’y a aucune épicerie, c’est vraiment le bout du monde. Après une heure de marche nous commençons à sérieusement douter de notre balade qui semble nous mener du côté opposé de l’île. Nous nous sommes complètement trompés! Nous avons pris la première route de 4X4 en se disant « c’est si petit, c’est forcément celle-ci ». Et bien pas du tout. Nous continuons quand même mais elle est vraiment dure car ce n’est qu’une succession de col à gravir et redescendre. Nous marchons 5 heures d’affilé et nous revenons absolument sur les rotules!!! Les 4 jours qui suivent nous pouvons à peine bouger tellement nous sommes courbaturés!!!! Et pourtant moi je fais régulièrement travailler mes jambes mais jamais aussi intensément! Nous réalisons que nous sommes quand même bien diminués physiquement…

 

 

 

 

 

Les sommets sont souvent engloutis sous les nuages.

 

 

 

 

Le genre de maison typique ici, simple et efficace!

 

 

 

 Nous resterons dans ce mouillage que nous adorons très très longtemps!

 

 

Notre quotidien est aussi illuminé bientôt par la venue de Clément! Il va venir passer deux jours à bord pour faire une petit reportage sur les gens qui vivent sur un voilier pour l’émission 7 à 8! Cela nous permet de bien ranger et laver Diatomée car nous avons tendance à nous étaler dans les cabines inhabitées! Et nous voulons que Diatomée soit beau pour la télé!

Comme d’habitude, après de nombreuses semaines passées uniquement en tête à tête, Clément est accueilli comme un roi! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est à la fois journaliste et cameraman et doit gérer tous ses sujets tout seul. Pour que son voyage en Polynésie soit rentable (grosses restrictions de budget après le covid), il a du proposer 3 sujets différents à 7 à 8: l’étude et le marquage des requins longimanus à Moorea, la guerre sur l’île de Maupiti entre ceux qui veulent développer tourisme et hôtels comme à Bora Bora et ceux qui refusent, et puis il va suivre trois familles qui ont décidé de vivre sur un voilier: une qui est au port à Moorea et dont les ados n’en peuvent plus et rêvent d’aller au lycée, une famille qui est partie post covid et dont les ados eux au contraire adorent, et nous! Cela va nous faire une belle visibilité pour notre travail sous l’eau car ils vont bien sûr mettre en avant l’AQUABALLET.

 

 

Nous avons eu longuement Clément au téléphone à plusieurs reprises pour préparer le tournage et nous avions pour mission de repérer des jolis endroits sous l’eau et aussi une chouette balade à terre. Il a plusieurs séquences qu’il aimerait tourner: l’explication de nos provisions, la gestion de l’eau, une balade pour montrer l’importance de « sortir du bateau », une navigation, une séance de shooting sous l’eau avec dérushage, et moi qui pratique ma danse sur le pont. 

Au final, il rajoutera deux séquences qui n’étaient pas prévues: Alex qui monte au mât « juste pour changer une ampoule » et un marquisien qui nous vend des fruits. 

 

 

 

 

 

Clément installe une Gopro sur la tête d'Alex avant qu'il monte au mât.

 

 

 

 

 

 

Mais ce qui m’étonne le plus c’est qu’il ne filme pas entre les séquences, s’il se passe quelque chose, le quotidien, des plans sur le vif, comme je peux faire pour mes vlogs. Il fonctionne vraiment en terme de « séquence » en mode reporter et au montage final il ne gardera que certaines séquences. Cela est aussi plus reposant pour nous d’avoir des moments de tournage bien précis.

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque nous sommes sur un point de vue magnifique entourés de la forêt luxuriante, Alex dit devant la caméra préférer le canal de l’Ourcq à Paris; et moi, toujours devant la caméra, je m’effondre en larmes en revoyant l’AQUABALLET. Cela sera pour sûr au montage final et ça me fait un peu peur!!!! Le reportage ne sera diffusé qu’en octobre ou novembre sur TF1.

 

Les deux jours passent très vite et Clément doit déjà filmer une autre famille sur l’île voisine! Après son départ, Alex fait un gros coup de déprime. D’avoir raconté son quotidien sur le bateau et fait un peu le point sur sa vie lui fait réaliser qu’il ne sent pas à sa place. Moi c’est tout l’inverse, je viens de terminer le montage du making of de l’AQUABALLET et quand je vois tout ce qu’on a vécu, je me sens on ne peut plus à ma place. Je pense qu’Alex manque aussi beaucoup de vie sociale. Et si nous passons parfois prendre un verre chez les bateaux voisins ou si nous participons au barbecue du village, cela reste assez pauvre et insuffisant pour un être extraverti comme lui.

 

 

 

 

 

Le coucher de soleil est parfois incroyable…

…et si ce n’est pas le cas, il projette toujours une incroyable lumière!

 
 
 

 

 

 

Nous allons passer quelques jours dans la baie voisine avec un petit village où nous pouvons nous ravitailler en oignons, chocolat, rhum, légumes surgelés et oeufs (si précieux). Alex retrouve vite le moral car il prépare une prochaine expédition en Antarctique qui le réjouit.

 

 

 

 

 

Où est Charlie?

 

 

 

La charmante église du village de Vaitahu.

 

 

 

 

Tout comme à Nuku Hiva, la passion des marquisiennes ici c’est de jouer au bingo. Chacune à sa table, elles passent leur journée à barrer des chiffres! Elles sont tellement nombreuses que l’animatrice doit hurler « 48 ! » « 54 !! » « 12 !!! », cela résonne dans tout le village et parfois même jusqu’au bateau!

 

 

Nous croisons de nouveau Ronan et Juliette avec leurs 3 enfants blondinets hyper sociables, une famille rencontrée à Nuku Hiva.

 

 

 

 

 

Nous avons un coup de coeur pour Hermine qui est absolument adorable!

 

 

Ils étaient aussi dans la baie des dauphins en même temps que nous et nous disent avoir nagé plus d’une heure avec les dauphins. Un jour où nous y étions! Nous qui les guettions chaque matin! Nous les avons complètement loupés!!!!

Eux louent un catamaran pour 8 mois directement à Tahiti, pas de transpacifique, juste des petites navigations et cela nous semble vraiment une bonne solution. Le plaisir sans les  problèmes! Sauf qu’ils auront des gros soucis avec le pilote automatique et leur drisse de grand voile…la courte durée n’empêche pas les emmerdes!

 

Peu de temps après nous voyons enfin les dauphins qui viennent aussi dans la baie du village! Ils peuvent être effectivement très discrets ou bien faire de nombreux sauts et éclaboussures qu’on ne peut pas louper. 

Nous essayons de faire des images avec eux comme le voulait Clément pour le 7 à 8, mais ils sont très fuyants et restent à la limite de visibilité. Je peux m’approcher d’eux mais uniquement avec une bonne endurance et une paire de palmes efficace. Ils n’ont clairement pas envie, nous n’insistons pas. Les autres plaisanciers qui vont aussi à leur rencontre semblent très respectueux et à l’écoute des animaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous retournons dans la baie d’Hapatoni, le petit village avec seulement quelques habitants. Nous y resterons longtemps car un matin, nous loupons la navette pour aller passer la journée à Hiva Oa, la grande île voisine où ont vécu Brel et Gaughin. Le départ prévu à 7h15 s’est effectué finalement à 7 heures, la navette repart avant même que nous soyons arrivés au quai! Il faut attendre une semaine, le mercredi d’après, pour prendre à nouveau la navette hebdomadaire. Nous refusons d’y aller avec Diatomée car tout le monde nous dis que non seulement le mouillage à Hiva Oa est horriblissime, très inconfortable, mais l’accès au quai avec le dinghy c’est l’enfer aussi!

 

Chaque jour nous faisons notre petit tour de baie à la nage, à observer les animaux comme cette loche écarlate, endémique des Marquises.

 

 

 

 

 

Le banc de poissons pavillon est toujours au même endroit!

 

 

 

 

Une petite raie aigle très curieuse nous fonce dessus avant de repartir…

 

 

Alex essaye le mode macro de son appareil…Ici, un très gros plan de la surface d’une étoile de mer coussin de requin:

 

 

Dans les profondeurs de l’oursin crayon…

 

 

 

 

Et cette photo prise avec ma Gopro!

 

 

 

 

 

Sans oublier les beaux bijoux de @mikimikisalty!

 

 

Mais une ombre pèse sur ce tableau idyllique… Il y a très souvent une profusion incroyable de plancton! Nous slalomons entre les cténophores et les thaliacées, cela ne doit pas vous dire grand chose, ce sont des animaux planctoniques, un peu gélatineux mais non urticants. Ils sont  d’ailleurs magnifiques…

 

 

 

 

 

Ambiance dark ci-dessus avec l’appareil d’Alex et ambiance bisounours, ci-dessous, avec ma Gopro au même endroit, même moment:

 

 

 

Un jour nous croisons même un cténaire géant…

 

 

Le problème c’est que ça grouille vraiment de partout et qu’au milieu se cache des filaments de méduses, ce que j’appelle des cnidaires planctoniques absolument invisibles qui viennent nous brûler. Sur le coup c’est assez douloureux, comme une décharge électrique ou une forte brûlure, et après, ça gratte et ça pique! Je ressors de l’eau toujours brûlée, Alex est davantage protégé par ses poils!

 

 

 

 

 

 

Parfois nous croisons des vraies méduses que nous pouvons facilement éviter. Sans doute perdent-elles des filaments qui deviennent alors invisibles et font très mal! Mais le plaisir d’aller nager est plus fort!

 

Mais une nuit ce ne sont plus les cténophores qui envahissent la baie mais bel et bien des méduses que nous pouvons parfaitement identifier à la lampe torche… Ça donne des frissons! Heureusement le lendemain matin elles auront toutes vogué vers d’autres horizons!

 

 

 

 

 

 

 

Le plaisir d’être dans l’eau reste intacte d’autant plus que depuis plusieurs jours il est illuminé par la présence d’une maman chèvre et de son bébé qui se blottissent dans une petite grotte inaccessible pour l’homme depuis la terre mais bien visible depuis la mer. 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avions déjà croisé les chèvres depuis la mer, la meilleure façon pour les voir de prés car elles sont chassées et très peureuses…

 

 

 

 

 

La chèvre au premier plan se fond littéralement dans le décor (où est Charlie???)

 
 

Cela inquiète un peu Alex de voir toujours la maman et son bébé au même endroit alors que le petit troupeau voyage en permanence…

Et un matin, nous voyons le bébé tout seul. Je me dis que la maman doit dormir et être invisible d’où nous sommes. Le bébé ne bêle pas. Mais nous préférons y retourner en fin de journée pour être sûrs de la présence de la maman. Nous y allons en dinghy avec une vue plus en hauteur, et là, c’est le drame. Nous pouvons apercevoir la mère, allongée, morte. On s’approche avec le dinghy et le bébé court vers nous en bêlant et demandant de l’aide.

 

 

 

 

 

 

 

Il y a énormément de houle et des rochers glissants nous séparent, Alex arrive quand même à me déposer à terre sans abîmer le dinghy. Je vais voir si la mère est bien morte, c’est le cas et le spectacle n’est vraiment pas beau. 

 

Je prend le bébé dans mes bras qui se laisse très facilement faire (alors qu’il s’agit d’animaux sauvages). Par contre l’énorme houle m’empêche de retourner à bord, Alex ne peut pas trop s’approcher et moi je me fais ensevelir par les énormes vagues qui vont et viennent sur les rochers glissants avec la chèvre dans mes bras qui n’aime pas trop ça…

 

Finalement, le plus simple est de jeter la chèvre dans le bateau et que je rejoigne Alex à la nage. Mais une fois dans le bateau, la chèvre n’a qu’une envie c’est sauter dans l’eau…Heureusement, Alex la rattrape vite et tout le monde est sain et sauf. 

 

Elle est toute blanche. Toute propre. Elle sent bon. Ses yeux sont incroyables. Quelle beauté de la nature. Nous la ramenons à bord sur mes ordres car Alex veut l’emmener au village. Pour moi c’est hors de question, Ils ne voient en elle qu’une brochette pour leur barbecue.

 

 

 

 

 

Ses pupilles rectangulaires lui offre une vision panoramique qui l’aide à échapper aux prédateurs. Très peu d’animaux ont cette forme de pupille, à part les poulpes, les moutons et les crapauds.

 

 

 

À bord nous essayons de lui donner du lait à boire. Avec Cacahuète, nous sommes super équipés! Mais sans grand succès… Nous la rassurons dans nos bras et découvrons la douceur incroyable de ses pattes…Elles sont si habiles! Nous les observons régulièrement aux jumelles grimper sur des falaises tellement pentues! Je les admire…

 

 
 
 

 

 

 

La chèvre finit par faire un énorme pipi sur Alex mais vraiment énorme. Nous sommes loin de Cacahuète qui tenait dans une micro bassine!

 

Alex me convainc que c’est impossible de la garder, aussi elle peut tomber dans l’eau et il faut trouver quelqu’un qui s’occupe d’elle à terre… Cela m’inquiète beaucoup et nous décidons d’aller demander conseils au bateau voisin qui connait bien les habitants de l’île.

 

 

 

 

 

Hermine et ses frères en profitent pour caresser le bébé chèvre, émerveillés… 

 

 

 

Ils nous disent  qu’ils ont entendu des coups de feu la veille, J’en déduis que la mère a été blessée par une balle et est venue se réfugier dans la grotte…Ils rajoutent qu’à terre, ils vont la faire grandir puis certainement la relâcher dans la nature. Cela me rassure un peu…

La nuit commence à tomber et il faut faire vite. 

 

 

 

 

 

 

Rien que la vue de ses pattes permet de deviner leur incroyable douceur…

 
 
 

Toute la journée avait été très agitée par la fête paroissiale et le village devait encore être animé par les habitants.

 

 

 

Le matin même nous avons assisté au spectacle après la messe. Un peu long car les dialogues étaient seulement en marquisien, et les danses étaient surtout des chants accompagnés de mouvements.

 

 
 

Deux dames nous disent que les chèvres sauvages sont « plus ou moins » à Antonina. 

Antonina se trouve juste derrière, sous le préau à jouer au bingo. Quand elle nous voit avec le bébé, elle comprend et semble tout autant saoulée qu’habituée à la situation; Elle est aussi aimable qu’une porte de prison et nous adresse à peine la parole tout en rangeant ses affaires pour rentrer chez elle s’occuper de la chèvre. Ses voisines sont un peu plus causantes et allègent l’ambiance glaciale. 

Elle prend la petite chèvre sous son bras comme un paquet de PQ encombrant et ne semble pas le moins du monde attendrie par cette merveille de la nature. 

Comme elle est chargée, nous l’accompagnons jusque chez elle. Elle finit quand même par nous expliquer que son mari est chasseur, qu’elle a déjà recueilli des bébés mais qu’ils n’ont pas survécu. Nous insistons sur le fait que si la mère est morte peut être par la faute de son mari, il est responsable de sauver la vie du bébé! 

La plupart des chasseurs ici ne tirent pas s’il y a des petits, mais je sais que certains font aussi n’importe quoi et sont vraiment décriés par les autres marquisiens. Nous entrons dans leur jardin où leur terrasse ressemble à un garage sans dessus dessous éclairé par une ampoule blanche qui pendigole, digne des lieux les plus glauques , parfait pour un serial killer qui aime séquestrer ses victimes. Le mari prend la chèvre sous son bras à son tour, dénué de tout geste d’affection. Antonina veut nous offrir des fruits, certainement pour nous remercier mais nous refusons en expliquant que le plus important pour nous, c’est de sauver la chèvre.

Nous prenons son numéro pour avoir des nouvelles et nous rentrons chez nous.

 

J’en suis malade. J’en veux terriblement aux humains de ne pas avoir le même regard que moi sur les animaux. Même Alex voulait s’en débarrasser au plus vite! Je me sens tellement seule, je vois bien que je ne pense pas comme les autres. Ici mais tous les autres voileux pêchent, c’est même pas une question. Je sais qu’on ne vit pas dans un monde de bisounours et les Marquises me renvoient vraiment ça en pleine gueule. Mais là, je me sens tellement responsable de l’avenir de cette petite chèvre qui va certainement rester attachée toute sa vie, recevoir de la nourriture sans aucune autre attention et finir dans une assiette. Je vois tout en noir et Alex me réconforte comme il peut en me disant qu’on n’aurait pas pu faire mieux. Et que peut être ils vont la relâcher.

 

Le lendemain Antonina tarde à nous répondre que la chèvre va bien et qu’elle mange. J’ai envie d’aller la voir pour me rassurer mais Alex sait que je vais en être malade car elle ne sera jamais choyée comme je l’espère. Et que ce n’est vraiment pas une bonne idée… Cela me bouleverse terriblement et je me sens tellement égoïste de ne pas avoir pu la protéger davantage et de ne pas avoir pris le temps de la mettre dans des mains que je sais bienveillantes.

 

Et puis le surlendemain Antonina nous apprend qu’ils ont relâché la chèvre. Nous n’en saurons pas plus. Sur google image nous déduisons que la petite chèvre avait surement presque 3 mois compte tenu de sa taille, l’âge d’être sevrée. Je ne sais pas si elle sera capable de survivre mais je préfère 10000 fois la savoir en liberté qu’aux mains des hommes. Cela me soulage énormément.

 

 

 

 

Le petit chat du village qui était un peu en manque de câlins!

 

 

Quelques nouvelles de Cacahuète: nous demandons des photos à Taoua pour voir comment elle a grandit! Visiblement il ne semble pas trop la photographier mais il nous envoie des photos où elle apparait! Cela nous réjouit :-)

 
 

 

 

 

 

À suivre… Avec notre journée à Hiva Oa et l’improbable rencontre avec un animal incroyable que nous n’avions jamais vu sous l’eau!!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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