Nuku Hiva, île des Marquises

 

 

Avril 2024,

 

Nos 4 mois parisiens ont été si intenses qu’ils se sont transformés en 5 mois! Ils ont été pas mal chamboulés par la post production et le succès de l’AQUABALLET auquel nous ne nous attendions pas du tout, ou du moins pas à ce point là! Pour un petit résumé je vous invite à voir le vlog #38 sur la chaine YouTube! 

Avant de retrouver Diatomée aux îles Marquises, nous passons 3 jours à Papeete. Notamment pour croiser Mélanie qui nous propose des nouveaux bijoux à photographier, et Louise qui nous a aidés pour la traversée jusqu'aux Marquises.

 

 

 

 

  

 Mélanie (@mikimikisalty)

 

 

 

Cela nous permet aussi de digérer  les 12 heures de décalage horaire mais malgré tout, nous retrouvons Diatomée dans une forme tout sauf olympique car étouffés par la chaleur. En effet il y a une énorme canicule qui s’ajoute à la saison estivale. 

Mais nous sommes très contents de retrouver Diatomée, d’autant plus qu’il est vraiment très propre et Linda en a vraiment pris soin! 

 

 

 

 

 

 La baie de Taiohae est dominée par cet immense Tiki! (Où est Charlie?)

 

 

 

 

 

 

 

Les journées restent vraiment dures, déjà retrouver nos marques, et puis en plus de la chaleur le bateau bouge énormément. Cela nous fatigue et nous rend irritables autant l’un que l’autre, du coup, nous nous  parlons peu, nous sommes un peu en mode « survie » chacun dans son coin. Le soir, nous allons nous balader et ça nous fait beaucoup de bien. Mais parfois nous avons accumulé des tensions de la journée et c’est pas trop la bonne ambiance. 

 

 

 

 

 

Nous allons jusqu’à cette cabane en longeant le sentier de la sentinelle, cela nous prends 1h30 pour faire l’aller-retour.

 

 

 

 

 

Très souvent les chiens qui vivent sur le quai nous accompagnent marcher pour s’aérer et avoir un peu de compagnie. Cela nous fait trop du bien à nous aussi d’avoir leur présence à nos côtés.

 

 

 

 

 

Alex teste son nouvel appareil.

 

 

 

 

L’Aranui passe régulièrement alimenter l’île en produits de tout genre!

 
 
 
 

 

Nous rentrons souvent de nuit car il fait trop chaud pour se promener plus tôt.

 
 
 
 

Alex passe quelques jours totalement déprimé, il n’a envie de rien, ne se réjouit de rien. Pas même de découvrir des nouveaux endroits ou de faire des nouvelles photos. Je pense que c’est passager mais ça fait suite à ses « boules aux ventre » qui se transforment maintenant en mini déprime… Et c’est horrible car il est hyper conscient de la chance qu’on a d’être ici, de notre vie privilégiée, mais quand ça veut pas, ça veut pas… Et moi je ne sais plus quoi faire pour l’aider. C’est assez déconcertant.

Quand il fait le bilan de sa santé physique et mentale, il se rend compte que depuis que nous avons Diatomée, il a vraiment pris très cher. Mais ses idées noires ne dureront que quelques jours et si les deux premières semaines à bord sont vraiment difficiles car beaucoup de travail dans un grand inconfort, les températures descendent un peu en dessous de 39° et les jours suivants sont davantage vivables. Nous bénissons chaque nuage qui passe! 

 

 

 

 

 

 

 

Nous louons une voiture pour aller chercher de l’eau potable à une heure de route, cela nous offre une vraie bouffée d’oxygène, juste voir du paysage, sortir du bateau et se sentir utile à remplir nos cuves complètement vides.

 

 

 

 

 

Nous faisons refaire nos pare-soleil et notre housse de dinghy par Calypso, une navigatrice qui renfloue sa caisse de bord en faisant de la couture pour les voiliers, ici.

 

 

 

 

 

 

Et Alex passe un nombre d’heures incalculable à réparer notre moteur hors bord qui se casse sur le bateau des gendarmes avec la houle qui fait valser les dinghys de droite à gauche… Cela perce la coque du moteur, Linda a même eu son moteur qui est tombé à l’eau!

 

 

 

 

 

 

 

Et pour continuer dans les corvées, nous changeons notre chaine en pleine mer, ce qui correspond à plus de 350 kg à transporter, enlever, changer, ramener à terre…

 

Si je nage régulièrement autour de Diatomée, Alex n’a même pas ce luxe car l’eau est très trouble (il doit y avoir moins de 2 mètres de visibilité) et il ne supporte pas de se baigner dans ces conditions.

 

 

 

 

 

Notre quotidien se résume à transpirer transpirer transpirer…

 

 

Notre frigo tombe en panne mais nous avons une chance inouïe, le meilleur réparateur de frigo de Polynésie est actuellement dans la baie de Nuku Hiva! Il y passera beaucoup de temps et nous beaucoup d’argent mais le frigo fonctionnera de nouveau très bien.

 

 

 

Toutes les réparations ont du nous couter le prix de 4 frigos neufs. Mais un frigo neuf qui fonctionne en 20 volt ça ne se vend pas ici!

 

 

 

Linda qui a gardé Diatomée vit sur un bateau voisin et nous la croisons régulièrement car elle travaille aussi au « yacht service ». Cela fait très huppé mais en fait c’est un tout petit local où nous pouvons faire laver notre linge!!! Elle nous dit passer un casting pour un tournage qui va avoir lieu aux Marquises, ce qui n’arrive jamais! Le soir même nous allons diner à la pizzeria et nous tombons nez à nez sur un producteur qu’Alex connait. Il est avec une équipe de tournage en repérage sur l’île! Nous faisons le lien avec le casting de Linda, c’est bien la même équipe venue tourner ici « Meurtres aux Marquises »!!!! Certainement dans la même veine que « coup de foudre à Bora Bora »!!! 

Alex envoie au producteur notre petit « AQUABALLET », et suite à cela, l’équipe souhaite diner avec nous pour nous proposer quelque chose. En voyant les magnifiques fonds marins de Polynésie, ils se disent que c’est trop dommage de n’avoir aucune scène sous l’eau. Du coup ils ont décidé de changer le scénario pour que l’héroïne (que je doublerai) découvre un tiki sous le sable en apnée! Le tournage aura lieu en octobre, sauf que d’ici là, le scénario aura surement encore changé!!!!  

 

 

 

 

 

Les petits supermarchés sont relativement bien achalandés  mais s’ils n’ont plus un produit, il faut souvent attendre plusieurs semaines avant de le trouver à nouveau. La denrée rare qui vaut de l’or: les oeufs!

 
 
 

 

Alex teste aussi son nouvel appareil sous l’eau.

 

 

 

 

 

Mais la nouvelle qui nous inquiète énormément, ce sont les dégâts causés par el niño sur les récifs coralliens. Beaucoup ont blanchi c’est à dire qu’ils ont rejeté les zooxanthelles avec qui ils vivent en symbiose. Ils peuvent les accepter de nouveau seulement si la température de l’eau ne reste pas trop chaude trop longtemps. Ils reprendront leur couleur qui est en fait la couleur des algues zooxanthelles.

 

 

 

 

 

 

Le corail restera t’il blanc? Si oui, il finira par mourir et mourra avec lui tout un écosystème… Pour donner une idée, les récifs coralliens ne représentent que 1% de la surface océanique et abritent 25% de la biodiversité…

 

 

 

Les jours avancent et nous avançons bien sur tous les petits travaux à faire à bord. Nous nous octroyons peu de loisirs à part la fameuse balade  le soir sur la sentinelle. Mais un jour, notre quotidien va se retrouver complètement chamboulé. Les deux chiens qui nous accompagnent souvent pour la promenade se mettent à renifler un truc sur le bas côté, au début nous pensons qu’il s’agit d’un gros rat crevé car il est recouvert de mouches. Puis le truc se met à bouger et nous découvrons qu’il s’agit en fait d’un petit chiot d’à peine quelques jours. Il couine et essaie de se déplacer…

Nous ne savons pas quoi faire…Impossible de le laisser là, seul, voué à une mort certaine, car il est tard, la nuit tombe et nous sommes les derniers randonneurs à passer par là. Mais impossible aussi de le ramener à bord, il est hors de question d’avoir un chien. Nous décidons de le prendre en espérant croiser quelqu’un qui voudra bien le recueillir (l’idéal serait de croiser des enfants jouant seuls, de leur laisser le chien, et de partir en courant avant que les parents débarquent!!!!).

 

 

 

 

 

 

Bien évidemment aucune personne que nous croisons ne  souhaite nous décharger du fardeau, encore pire, les animaux sont interdits dans le grand lotissement qui vient d’être construit.

La nuit tombe, les rues se vident, le bébé couine et cherche à téter à tout prix. Il faut nous rendre à l’évidence, Diatomée a un nouvel habitant!

 

 

 

 

 

 

 

 À peine arrivés sur le bateau, un énorme orage éclate avec une grosse pluie, nous regardons le petit chiot bien à l’abris dans sa caisse et cela nous réjouit de l’avoir sauvé…

 

Nous le nourrissons comme nous pouvons avec du lait de vache entier que nous avons à bord, la seringue ne fonctionne pas, le chiot arrive à boire un peu dans le bouchon de lait, nous perçons le bout du doigt d’un gant en plastique pour simuler une mamelle mais ce qui fonctionne le mieux c’est d’imbiber une éponge de lait facile à téter…merci internet! Et merci aussi aux vétérinaires que nous contactons pour leur nombreux conseils.

 

Assez vite un bateau voisin nous donnera un micro biberon ce qui nous aide énormément! 

 

 

 

 

 

 

 

Nous commandons du lait pour chiot à la pharmacie, et nous lui donnons en attendant un mélange de lait/jaune d’oeuf/crème et miel. Nous la vermifugeons et lui faisons un shampoing anti-puces. Nous passons des annonces et finissons par lui donner un nom…Cacahuète! Car nous l’avons trouvée à l’heure de l’apéro, qu’il s’agit d’une fille et qu’elle est micro puce!

 

 

 

 

 

Elle est infestée de micro-asticots blancs et de puces! 

 

 

Nous sommes un peu bloqués car nous ne pouvons pas la laisser seule plus de 2 heures. Et encore, nous nous apercevons un jour qu’elle est capable de sortir seule de sa grande caisse! 

Nous apprenons qu’une portée de chiot a été abandonnée dans un carton à l’entrée de la sentinelle un ou deux jours avant que nous la trouvions. Elle a certainement dû escalader contrairement à ses frères et soeurs et elle a passé de longues heures seule, c’est une vraie Warrior!

 

 

 

 

 

 

Chaque jour elle fait des progrès: premier aboiement, premier battement de queue, premier galop et nous nous émerveillons devant cette beauté. Très vite elle se met à manger seule des croquettes trempées dans son lait. Elle a énormément besoin de mordre et demande de plus en plus à jouer, nous occuper d’elle nous prend un temps fou. Un jour où elle dort sur le sol, je m’allonge doucement auprès d’elle sans la réveiller juste pour l’observer…et quand elle ouvre les yeux et qu’elle me voit, elle saute de joie et me lèche tout le visage! Plus ça va et plus la séparation va être très difficile, mais nous ne voulons pas de chien et nous ne changerons pas d’avis. 

 

 

 

 

 

 

 

Je fais un petit film plein de mignonitude pour lui trouver une famille sur le groupe Facebook de Nuku Hiva très suivi par les habitants. Mais personne ne veut de chien ici, ou alors un chien de race. Nous demandons aussi aux gens dans la rue, s’ils ne connaissent pas quelqu’un qui serait intéressé…Cela nous inquiète et commence à nous peser de ne trouver personne.

 

 

 

 

 

 

 

Un jour nous croisons Marie, une suisse qui exerce ici en tant que médecin pour 5 mois encore et Taua, son amoureux marquisien. Devant notre désespoir, ils seraient prêts à accueillir Cacahuète chez eux durant les 5 prochains mois où ils sont encore là en attendant de trouver quelqu’un… Marie a un fils de 5 ans qui pourrait prendre plaisir à s’en occuper. Sauf que Taua ajoute que s’il ne trouve personne, après il faudra la tuer, ce qui ne me rassure pas du tout! Le rapport entre les chiens et les marquisiens n’est pas du tout le même que nos animaux domestiques en Europe. Les chiens servent à chasser ou garder la maison, l’attache et la place de l’animal n’est (en général) pas vraiment comme chez nous!

 

 

 

 

 

 

 

Voir évoluer Cacahuète dans notre mini carré nous fait de la peine, en plus elle tombe souvent car ça bouge beaucoup! Gambader sur son île sera beaucoup plus adapté que notre micro bateau…Nous voulons qu’elle soit la plus autonome possible avant de la donner, et un peu présentable car elle se gratte ses croutes de lait et elle est toute pelée à certains endroits… Nous ne pouvons pas faire de randos ou des journées hors du bateau pour ne pas la laisser seule trop longtemps. Elle est très propre et attend toujours notre retour pour sortir faire ses besoins. À cela s’ajoute les nuits écourtées pour la nourrir ou simplement la sortir…

 

 

 

 

 

 

 

Il fait toujours 40 degrés à l’intérieur du bateau et nous l’aidons à se refroidir avec une bouillotte d’eau fraîche. Nous la sortons à terre une fois, elle tremble de tous ses membres, surtout pendant le trajet en dinghy, puis explore la pelouse et les nouvelles odeurs…

 

 

 

 

 

Quand nous faisons le bilan de ce dernier mois passé à bord de Diatomée, nous réalisons à quel point nous subissons chaque journée. Surtout à cause de la chaleur, du soleil écrasant et du manque d’air. Nous sommes épuisés. A un point tel qu’un jour je ne peux rien faire d’autre que rester allongée. Cela dure un jour puis deux puis trois…je me sens extrêmement faible et déprimée. La future séparation avec Cacahuète me fait très peur. Je décide d’aller voir un médecin car ma tension est très basse, j’ai des étourdissement dès que je me lève et cette fatigue est vraiment anormale.

Le médecin décide de m’hospitaliser. Cela veut dire laisser Alex gérer seul le bateau et Cacahuète. Impossible! Nous sommes une team, c’est comme lui dire « je vais dormir, c’est à toi de gérer tous les quarts tout seul ». Je sais à quel point le relais est vital surtout qu’il est lui aussi épuisé. Nous en pleurons. Nous demandons de plutôt aller nous reposer quelques jours à l’hôtel mais le médecin refuse car elle veut faire des analyses de sang, de selles et me réhydrater sous perfusion.

Je passe deux nuits à l’hôpital dans une chambre climatisée à ne faire que dormir, lire, Instagram et mes cours d’anglais. Au frais. Sans bouger. Je récupère bien et le moral aussi, je réalise tout ce que demande Cacahuète comme énergie et la séparation sera aussi pour nous un vrai soulagement. Mon admiration pour les gens qui ont décidé d’avoir des enfants est absolument sans limite… Ils doivent bien rigoler en lisant ces lignes!

 

 

 

 

 

 

 

Les infirmières me disent toutes « vous venez de faire une transpacifique? » « euh…non…même pas!!! » Ils semblent avoir l’habitude d’accueillir des voileux épuisés, déshydratés, dont beaucoup décompensent et ont de graves troubles psychologiques!

 

De retour au bateau en meilleure forme, je prends le relais pour qu’Alex se repose à son tour. Nous rappelons  Marie et Taoua pour leur donner Cacahuète qui est maintenant bien autonome pour se nourrir. Armand, le fils de Marie qui a 5 ans est très impatient de s’en occuper! Il est si doux et attentif avec elle , ça nous fait chaud au coeur. Ils ont une grande maison et un jardin, ce sera parfait pour elle! La séparation n’est pas si dure car nous sommes surtout soulagés et nous nous sentons enfin libres. Et nous savons que nous allons la revoir très vite!

 

 

 

 

 

 

 

Dans cette période difficile, nous nous soutenons énormément et nous sommes hyper amoureux. Notre principal sujet de conversation est de savoir si nous allons continuer sur Diatomée ou non. Alex sent qu’il est arrivé au bout de ses capacités et de son désir de continuer cette vie. Moi je n’en peux plus du bateau qui bouge sans cesse, des odeurs de merde, de la douche qui s’écoule pas, de la chaleur, de la fatigue, tout m’exaspère à bord. Nous n’en pouvons plus là, maintenant, nous ne voyons que les côtés négatifs…mais cela nous apporte tellement aussi. Nous manquons de recul mais Alex écrit quand même un mail à un couple d’anglais qui rêvait de nous racheter Diatomée…

 

 

 

 

 

 

 

Pour bien récupérer nous passons deux nuits dans un bel hôtel qui ne propose que des réservations avec des excursions. Nous devons leur expliquer que nous, ce qui nous intéresse, c’est le lit, la clim et la piscine!!!! Pour nous, ils feront une exception et nous savourons chaque seconde de ce confort si reposant… Nous voyons l’île d’ailleurs d’un oeil très différent, beaucoup plus attentifs à sa beauté qu’à sa dureté. Nous réalisons le privilège d’être ici.

 

 

 

 

 

Le sourire enfin retrouvé…

 

 

Le retour sur le bateau est hardcore, déjà au cours d’une promenade nous sommes témoins d’une énorme bagarre de pittbulls à 8 contre 1, 7 chiens déchainés assoiffés de sang qui s’en prennent à un chien couché sur le dos qui se débat comme il peut, c’est extrêmement violent, ils aboient, hurlent, s’agitent et l’attaquent avec une telle férocité. Je supplie Alex d’intervenir. Avec un bâton il arrive à détourner l’attention des chiens mais ils sont tellement excités que ça reste relativement dangereux. Il crie et tape du pied ce qui semble les faire fuir. Le chien victime de couleur blanche est tout rouge de sang par toutes ses blessure et il s’échappe en boitant. Je ne m’étendrais pas sur mon hypersensibilité mais cette scène me tourneboule intensément. Sachant qu’elle se passe à 3 maisons de celle de Cacahuète avec des pittbulls en liberté…

 

Nous repassons voir Cacahuète avec un immense plaisir! Armand s’en occupe merveilleusement, elle va au foot tous les soirs avec lui, tous ses copains l’adorent, il nous raconte les croquettes, les crottes, les dodos…cela semble le passionner!

 

 

 

 

 

 

Puis il nous dit avec sa voix de petit garçon trop mignon « Pour notre retour en Suisse, si on ne trouve personne pour s’occuper de Cacahuète, il faudra la tuer. Mais c’est pas grave car ça lui fera quand même 150 jours de vie! ». Au même moment Taua est en train d’attacher un cochon qui hurle à la mort et qu’il porte par les pattes arrière la tête en bas. Je suis liquéfiée. 

 

Remarque ils nous avaient prévenus lors de notre première rencontre… "le problème s’ils ne trouvent personne c’est qu’ils devront la tuer »… Mais l’entendre dans la bouche d’Armand, cela concrétise vraiment la chose et ils commencent déjà à le préparer…Toute cette situation est tellement compliquée… Taua est d’une gentillesse extrême, il n’a pas du tout la même considération pour les animaux, les marquisiens ne câlinent pas les chiens. Tuer Cacahuète c’est aussi lui éviter la souffrance d’être livrée à elle-même. Les marquisiens ont une relation très pure avec la nature, très connectée avec elle, ils chassent beaucoup, pêchent, ne prennent que ce dont ils ont besoin. Ils sont à des années lumières de nos élevages industriels (sauf pour les poules pondeuses). Mais pour cela ils sont tout aussi déconnectés de la sentience des animaux qu’ils tuent ou qu’ils gardent emprisonnés. Ils sont loin des études scientifiques qui démontrent la capacité des animaux à ressentir les émotions, la douleur ou le bien être… 

Les chevaux sauvages sont capturés pour ensuite être au service de l’homme et passer le reste de leur vie attachés, les cochons pareil, les chèvres  sont les mieux loties, elles vivent en liberté mais sont chassées, et les chiens ont un rôle tout autre que celui de développer une relation affectueuse. Bref, ce n’est pas une île pour un coeur sensible comme moi et pourtant ce qui s’y passe est bien moins pire que chez nous. Quel peuple est le plus connecté à la nature? Un marquisien chasseur ou un parisien vegan?

 

Je décide de proposer à Marie et Taoua de nous envoyer Cacahuète à Tahiti s’ils n’ont trouvé personne et nous essaierons de lui chercher une famille là bas, cela me soulage énormément. Mais Gilles, un nouveau médecin en poste pour un an, est leur nouveau voisin, et il semble d’accord pour prendre le relais après leur départ. Cacahuète sera la chienne du lotissement des médecins en espérant qu’il y aura toujours des bonnes volontés pour s’occuper d’elle. J’essaie de lâcher mon inquiétude mais je me sens tellement responsable de son bonheur. Elle va vivre abandon sur abandon mais j’essaie de me dire qu’elle sera en liberté sur une île magnifique où les chiens ne sont pas trop maltraités contrairement aux autre îles de Polynésie…

 

 

 

 

Cacahuète se jette sur nous dès qu’elle nous retrouve, elle nous lèche, nous mord, nous mange, c’est viscéral! Elle adore mâchouiller ma petite perle…

 

 

Heureusement, deux événements viennent un peu embellir nos journées:

Parfois nous allons nager dans une petite baie où la visibilité permet à Alex de faire quelques longueurs car elle est peu profonde. Nous y voyons souvent des tortues mais qui restent à une certaine distance. Et puis un matin la visibilité est exceptionnelle (juste on voit bien, presque 10m), et nous surprenons deux raies Mantas en train de se faire nettoyer par les petits labres! Elles tournent calmement sous nos palmes puis une tortue vient tout prés de nous ce qui est aussi très rare! Une autre tortue nage sous la raie et d’un coup, un requin bordé zigzague aussi entre ce petit monde!!! Tou ça en l’espace de quelques secondes! Nous restons sans bouger admiratif de ce beau spectacle!

 

 

 

 

 

 

Un autre jour, nous louons une voiture pour faire une balade sur le plateau dans les hauteurs de l’île. Nous sommes estomaqués devant la beauté du paysage! On dirait le décor hollywoodien du magicien d’Oz où tout semble faux tellement c’est parfait! Quelle belle surprise! L’air est frais et les chevaux nous accompagnent, c’est un enchantement! La nature est dure mais elle donne aussi beaucoup…  

 

 

 

 

 

Nous faisons aussi une autre balade dans une forêt de pins…

 
 
 
 

 

 

 

Nous allons faire le plein d’eau dans la baie d’à coté. Cela est très fatiguant car nous faisons plusieurs allers-retours en transportant des bidons (200 litres à chaque fois). Et la plage a de nombreux rouleaux donc ce n’est pas facile d’aller à terre… Mais nous sommes heureux d’être sur le départ! Le vent va venir du nord durant 2 jours ce qui va nous permettre d’aller à Tahuata, une autre île des marquises, la seule où il y a des plages de sable blanc et une bonne visibilité pour nager.

 

Désolée pour ce carnet de bord un peu plaintif, le prochain sera un peu plus gai, je l’espère!

 

À suivre…

 

 

 

 

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