Makemo 

 

 

 

Juillet 2024

 

 

Nous finissons par être tous seuls au mouillage de la baie des vierges à Fatu Hiva, ce qui est un sacré privilège tant il est apprécié des voileux! Mais il va falloir partir à notre tour, direction les Tuamotu et plus particulièrement Makemo, une île que nous ne connaissons pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 À bord avec nous il y a Florent, un bateau stoppeur qui fait le tour du monde à vélo et à la voile à la découverte de la biodiversité. Il est notamment resté en Guyane un long moment à cause du Covid et a pu réaliser un livre magnifique après avoir passé de nombreuses nuits dans la jungle guyanaise:

 

 

 

 

 

 

Il s’agit principalement des amphibiens et des reptiles.

 

 

 

 

Voici quelques unes de ses photos…

 

 

 

 

 

 

Très bon photographe animalier, il cherche plus loin que simplement photographier l’animal, il aime dans ses photos y ajouter toute l’ambiance autour, l’environnement, l’action, mettre en avant la texture de la peau et des végétaux en utilisant un flash avec diffuseur.

 

 

 

 

@naturalistenomade 

 

 

 

Il nous explique toutes ses fabuleuses rencontres et je bois ses paroles!

 

Pour aller à Makemo, nous avons quand même 3 jours et 3 nuits de navigation, si cela me pesait beaucoup il y a quelques semaines, l’envie de me retrouver dans le lagon de Makemo me fait accepter la souffrance de la navigation! 

Ils annoncent beaucoup de vent (30 noeuds) et cela fait un peu peur à Alex. Face à la puissance des éléments, nous sommes vraiment touts petits et cela use le bateau. Florent sait bien naviguer et c’est un gros plus de l’avoir avec nous!

 

 
 
 
 

 

 

 

La navigation sera idéale: que du vent de travers et pas de houle ni de vagues croisées: le confort absolu!!!! Si cela pouvait être tout le temps comme ça! Je comprends ceux qui aiment naviguer le dimanche car ils ont souvent le choix de ces conditions! 

La lune presque pleine nous aide précieusement pour nos quarts de nuit et les récits de Florent sur ses aventures naturalistes nous font bien passer le temps.

 

 

 

 

 

sunset et sunrise ou peut être l'inverse!

 

 

 

 

Nous devons arriver à Makemo lorsque le courant dans la passe est rentrant, entre 6 et 10 heures du matin. Nous allons un peu vite et devons réduire les voiles pour ne pas être trop en avance. 

 

 

 

 

 

 

Comme d’habitude Alex gère d’une main de maitre le timing et à 7 heures nous avons posé l’ancre! Le vent ne va faire que forcir et tous les bateau autour de nous partent se protéger au mouillage à l’est, nous serons seuls face aux vagues et au vent permanent ce qui fatiguera beaucoup Alex.

 

Mais quelle joie de retrouver le lagon! L’eau claire, le sable blanc, nos poissons tropicaux adorés et il n’y a plus de plancton urticant! Le seul hic: elle est gelée!!!!!! (24 degrés selon Alex, 14 selon moi). Et surtout Florent est au taquet! Il n’en revient pas de la variété de poissons et de la richesse de la biodiversité. Surtout que sur terre, la faune polynésienne est assez pauvre… 

 

 

 

 

 

 

 

 Il photographie tous les nouveaux poissons qu’il voit pour les identifiez ensuite et faire une liste avec tableau excel et tout et tout… Je suis béate d’admiration devant son professionnalisme de naturaliste!

 

 

 

 

 

 

 

 

Alex me fait part de cet énorme stress qui ne le quitte pas. Le plus difficile pour lui ce n’est pas de naviguer mais de décider. D’être responsable. Capitaine. À cela s’ajoute la déprime de se sentir inutile. Il a essayé de monter plein de projets ici (développer le tourisme à Makatea avec une idée de voyage apnée/escalade, mettre en place des séjours apnée découverte car ici l’apnée encadrée ne se pratique que le long d’un câble), mais tout ça est difficile à réaliser car nous sommes pris dans notre quotidien très nomade en étant sur place nulle part. 

Il n’a qu’une envie, retourner vivre en France entre Paris et Carqueiranne (dans le var) et travailler en tant que photographe. Mais depuis que nous sommes de nouveau sur des mouillages idylliques, l’envie de revendre Diatomée n’est plus du tout d’actualité dans ma tête. Nous ne sommes plus sur la même longueur d’ondes à ce sujet. Et quand je tâte le terrain pour savoir s’il envisage peut être une solution moins violente que l’arrêt total de cette vie en bateau, comme le louer ou en partager la responsabilité, cela ne semble vraiment pas l’enchanter, ce que je comprends, il a vraiment besoin de couper net.

Je sais que lui va rebondir et s’adapter, mais moi me projeter sans Diatomée me déchire le coeur et je me projette dans les années à venir triste, endeuillée et sans projet.

Mais voir Alex aussi mal est très dur à vivre et il faut qu’il retrouve l’enthousiasme qu’il a perdu. Nous en parlons beaucoup, avec souvent de nombreuses larmes, mais ce qui ressort de tout ça c’est que nous nous aimons très fort quoiqu’il arrive et j’espère que notre couple supportera ce changement sans rancune ni regret.

 

Si jamais nous revendons Diatomée ce ne sera pas avant fin 2025, d’ici là nous allons en profiter et peut être que la situation va évoluer… Nous avons déjà beaucoup de chance d’avoir vécu 8 ans à bord! La plupart des gens partent en tour du monde 3 ans maximum…

 

 

 

 

 

Voilà comment Florent voyage…Il doit transporter sa tente mais aussi son appareil photo avec différents objectifs!

 
 
 
 

 

 

 

Florent s’installe au camping de Makemo où il est le seul touriste! En effet c’est une ville un peu fantôme avec de nombreux bâtiments et maisons laissées un peu à l’abandon… Nos premiers pas à terre nous donne l’impression de ville désertée où des Zombies peuvent surgir à tout moment! 

 

 

 

 

 

 

 

Puis en fonction des heures de la journée, nous croisons un peu plus les habitants. Nous avons un énorme coup de coeur pour Ema et Dan. Elle lave soigneusement notre linge et nous lui achetons ses délicieux pains coco! Dan est un pêcheur tellement lumineux (je ne savais pas que je pourrais dire ça d’un pêcheur!!!) et très chaleureux. 

 

 

 

Incroyable de découvrir ces steaks végétaux dans une île déserte à l’autre bout du monde! Nous en faisons un gros stock!

 

 

 Le vent est si fort que nous vivons les fenêtres fermées et nous faisons souvent un tour à terre pour être un peu abrités. Heureusement nous pouvons nager malgré les grosses vagues, les fonds marins sont magnifiques! 

 

 

 

 

 

Le ponton au bout du quai nous semble très photogénique!

 
 

 

 

 

Et nous vivons sous l’eau des moments incroyables! Déjà partager cela avec Florent qui se passionne pour chaque espèce est vraiment jouissif, et en plus chaque plongée est riche en surprise que Florent découvre pour la première fois: requin pointe noire, raie pastenague, petit nudibranche, et un jour, nous voyons un poulpe. Il est abrité dans un trou avec des petites coquilles à l’extérieur: certainement sa maison! Le lendemain nous retournons l’observer dans sa cachette mais il n’est plus là. Et puis quelques mètres plus loin, nous le voyons de nouveau!!!! Il est cette fois -ci un peu plus curieux.

 

 

 

 

 

 

 

Le 3ème jour, je suis en train de filmer une petite limace et Florent m’appelle: le poulpe arrive! J’aime me dire qu’il s’agit du même individu ça rend l’histoire plus chouette! Et là il semble avoir davantage confiance sur notre côté inoffensif mais reste méfiant. Nous lui offrons des cadeaux (débris de corail/coquillage) mais cela le laisse insensible. Je vais le voir à plusieurs reprises pour tenter un contact physique main d’humain/bras de poulpe…sans succès… 

 

 

 

 

 

 

Mais derrière nous, à deux mètres du poulpe, le nudibranche (Hypselodoris tryoni)  sympathise avec le turbot, nous ne savons plus où donner de la tête!!!

 

 

 

 

 

 

Contrairement à la sole, le turbot a toujours la bouche du côté gauche!

 

 

 

 

Un très gros plan de la peau d’une holothurie (concombre de mer)

 

 

Les jours suivants nous irons nager dans la passe et nos rendez-vous avec le poulpe seront donc interrompus!

 

Le corail présent sur le côté de la passe est magnifique et en bonne santé! Il n’a pas trop blanchit. Le courant est si fort que nous avons à peine le temps d’identifier les animaux! Alex me crie « regaaarde!!!!!! » et j’aperçois au sol 5 requins nourrices blottis l’un contre l’autre à l’abris du courant. Je descends vers eux et palment  de toutes mes forces pour pouvoir les filmer sans que le courant ne m’éloigne, c’est hyper physique! Nous faisons des allers retours dans la passe en remontant le courant avec le dinghy et en nous laissant dériver, mais au passage suivant, les requins nourrices ne seront plus que 3!

 
 
 
 

 

 

 

En plus des baignades, nous retrouvons Florent pour des balades sur le récif ou bien en vélo! 

 

 

 

 

 

 Le collège de Makemo!

 

Et un chaleureux petit snack!

 

 

Si les jardins sont magnifiquement entretenus ici, la plupart des lieux de vie à l’extérieur sont souvent une accumulation de bordel qui dénote avec la beauté des plantes!

 

 

Mais la météo change et nous donne l’opportunité d’aller mouiller plus au nord de l’île. Florent nous offre généreusement une pizza avant nos adieux, il espère repartir sur Tahiti avec la prochaine navette.

 

 

 

 

 

 

 

Nous ne resterons que deux nuits au nord car la houle va devenir très importante et nous empêchera de changer d’île par la suite. Mais nous avons le temps de plonger et d’avoir une fois de plus un spectacle éblouissant: des magnifiques coraux, diverses espèces de requins, plutôt curieux, des énormes loches, napoléons et autres poissons tropicaux. Il faut savoir que dans les îles de la société, si lors d’une plongée on a la chance d’apercevoir un napoléon, ou un requin c’est une plongée très réussie! Dans les Tuamotu toute cette faune foisonne et nous accepte sans crainte.

 

Pour lire la suite de ce carnet de bord cliquez ici:

 

https://www.laroutesalee.com/carnets-de-bord/51-partie-2-tahanea/

 

La vidéo de ce carnet de bord juste ici:

 

 

 

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