Fakarava et Toau
Juillet 2024
Nous arrivons à Fakarava par la passe sud mais ne pouvons pas y rester car nous avons de nombreuses choses à faire au village de Rotoava avant l’arrivée du cousin d’Alex et de son filleul. Nous naviguons donc vers le nord pour avoir le temps de faire des lessives et quelques courses. Et par miracle il reste de la place pour aller passer deux nuits à l’hôtel pour mon anniversaire, comme l’année dernière. Cela nous fait toujours beaucoup de bien de couper un peu et de nous faire servir :-).
Mais avant nous rangeons à fond le bateau pour l’arrivée de nos hôtes, et je me dis à chaque fois que nous devrions aussi le faire pour nous et pas uniquement quand il y a du monde car c’est trop agréable!
La veille de quitter le bateau pour nos 2 nuits à terre, Alex fume sa cigarette quotidienne après le diner sur le pont et il entend un énorme souffle! Il m’appelle immédiatement et nous regardons avec une grande lampe torche, nous ne voyons rien. Mais nous entendons à nouveau des souffles! Très certainement une baleine! Même s’il est tôt dans la saison et qu’elles rentrent peu dans les lagons, la probabilité qu’une baleine passe par là est assez faible mais nous ne voyons pas ce que ça peut être d’autre. Car les dauphins sont souvent en groupe et ne soufflent pas aussi fort. Nous allons nous renseigner pour savoir si d’autres personnes ont aperçu une baleine dans le lagon…
Nos deux nuits à l’hôtel sont un régal! Je finalise un carnet de bord, Alex dessine, je danse et lis et nous nageons régulièrement…!
Tout le monde attend impatiemment le coucher du soleil, et dès qu’il est couché, chacun retourne dans sa chambre!
Sauf que ce qu’ils ne savent pas, c’est que les plus belles lumières se lèvent plusieurs minutes après la disparition du soleil et ils ratent le plus beau du spectacle!
La maman d’Alex m’offre un massage et nous revenons à bord tout ressourcés.
C’est enfin l’heure d’accueillir Damien, le cousin d’Alex et Jacques, son fils de 18 ans qui est aussi le filleul d’Alex. Ils adorent la voile et participent à de nombreuses régates. Mais si les voiles et le vent n’ont pas de secret pour eux, la vie quotidienne à bord reste une nouveauté.
Dès leur arrivée le vent tourne et amène une très forte houle extrêmement inconfortable au mouillage…en une heure, nous sommes tous nauséeux, Jacques et Damien sont même très malades et nous décidons d’aller à terre au plus vite! Mais les vagues s’éclatent contre le quai et ils est absolument impossible d’accoster! Ils n’ont pas d’autres choix que de rester à bord à fixer l’horizon ou s’allonger au plus vite dans leur cabine. Ils n’ont vraiment pas de chance car être autant remué au mouillage dans un lagon reste relativement rare. C’est en les voyant aussi malades (et pourtant habitués de la mer) que nous nous rendons compte à quel point nous sommes quand même bien amarinés.
Des énormes vagues envahissent la jupe arrière comme parfois en navigation, mais être autant ballotés en restant sur place c’est ce qui rend le plus malade!
Au village, nous avons la confirmation par un club de plongée de la présence d’une baleine qu’ils ont vu dans la passe mais aussi de nombreux dauphins puisqu’il y a dans le coin plein d’alevins qui sans doute serait la cause de leurs présences. Vraiment surprenant! Mais comme je dis toujours « en mer, tout est possible! ».
Comme l’année dernière, nous faisons la sortie de nuit sur le récif organisée par Enoha, un local passionné par la nature. Nous sommes ébahis de voir autant de merveilles au mètre carré! Que ce soit des petits coquillages porcelaine, des crabes multicolores, des catharsis, mini poissons capables de rester hors de l’eau, des oursins adultes et juvéniles, des Bernards l’hermite, des concombres de mer, le fameux cône géographe, le coquillage mortel à ne surtout pas toucher…Mais ce qui nous fait tous craquer à l’unanimité, ce sont les bébés langoustes de la taille d’un ongle!!!! Avec leurs yeux minuscules qui brillent dans la nuit :-))))
Un oursin perforant version miniature!
Le manteau qui recouvre la petite porcelaine est bien visible sur les côtés. Il empêche les petites algues de se fixer.
Le fameux cone mortel à ne surtout pas toucher!
Nous réservons aussi une excursion à la journée au lagon vert: un lagon dans le lagon.
Nous sommes une quinzaine de touristes sur un énorme zodiac, nous faisons un premier stop au motu aux oiseaux mais interdit d’y aller sous peine de recevoir un coup de bec. Nous faisons le tour du motu à la nage Et Jacques et Damien découvrent l’incroyable beauté des fonds marins! Avec plusieurs requins au rendez-vous: gris, pointes noires et pointes blanches!
Motu aux oiseaux
Nous allons ensuite passer 4 heures au lagon vert: au programme, balades, nage, barbecue et sieste! Ils prévoient 2 steaks végétariens pour moi je suis trop contente!
Le lieu est absolument incroyable et je suis ravie de pouvoir faire voler mon drone!
Le bleu marine à gauche correspond à l’eau du lagon et le bleu marine à droite, l’océan. Au milieu, le lagon vert!
De nombreux poissons et requins attendent les restes de notre repas et ça grouille dès que nos pieds s’immiscent dans l’eau!
Nous finissons par un snorkeling prés de la passe, le vent est très frais et il faut du courage pour retourner à l’eau, mais avec Alex nous connaissons cet endroit et savons à quel point ça vaut le coup d’y aller! Toujours d’énormes bancs de poissons, de nombreux requins, des napoléons…une richesse vraiment exceptionnelle!
Nous rentrons à bord épuisés mais nourris d’une nature merveilleuse.
Alex s’octroie chaque soir un temps pour dessiner, très précieux pour lui.
Comme de nombreux invités, Damien et Jacques appréhendaient les repas végétariens. J’aimerai être une militante engagée pour les animaux mais je n’en ai pas les épaules, faire découvrir une cuisine végétarienne riche et variée est ma façon de militer et cela semble bien fonctionner.: tartes, lasagnes, steaks végétaux, crumble salé, salades, falafels…Pas besoin de tuer des animaux pour se régaler et manger équilibré! Damien pratique aussi des exercices d’étirements et de mobilité avec moi chaque matin, il va revenir à Paris transformé!
Nous faisons aussi de grandes balades à vélo, au sud puis au nord de l’île. Mais nous n’échappons pas au drame de la crevaison! Alex devra se faire ramener en voiture par le loueur de vélo!
Avec Alex nous nous sentons en vacances à ne faire que des activités plaisantes toute la journée! Et avoir de l’aide à bord pour gérer le dinghy ou remplir nos cuves est fort appréciable! Son moral va beaucoup mieux, il s’occupe énormément de sa famille et se sent plus utile que dans notre quotidien.
Atelier matelotage
Nous allons déjeuner deux fois au snack du requin dormeur du bel hôtel de l’île, le cadre est vraiment dingue et observer tous les énormes requins nourrice qui dorment sous le ponton est assez incroyable!
Sous le ponton de l’hôtel, nous retrouvons les mêmes nudibranches qu’au ponton de Makemo! (Doris de Tryon)
Après un dernier ravitaillement et des lessives, nous sommes prêts à partir pour Toau, une île déserte uniquement accessible en bateau que nous adorons. Nous y sommes déjà allés deux fois et c’est pour nous le plus bel endroit au monde sous l’eau! Il faudra 7 heures de navigation: 7 heures de joie et d’émerveillement pour Jacques et Damien qui adorent la voile! Ils sont au paradis et se disputent pour barrer!
Inutile de vous dire que cela m’échappe complètement mais leur joie est communicative et la traversée sera vraiment chouette! Nous n’allumerons à aucun moment le pilote automatique ce qui ne nous arrive jamais! Alex leur demande des conseils pour le réglage des voiles mais il existe quand même une vraie différence entre tracer sur un petit voilier pour une régate, et déplacer 25 tonnes en usant le moins possible le matériel…!
Jacques porte la belle montre Diatomée toujours en vente ici:
Nous retournons au nord de l’île, dans la petite anse Amyot qui est extérieure au lagon mais bien protégée. Un voilier derrière nous demande à la VHF si nous allons à l’anse Amyot car il y a seulement 9 bouées et ils ont peur de ne pas avoir de place. Comme nous répondons positivement, ils décident de se rabattre sur le sud de l’île. Un peu inquiets, juste avant d’arriver dans la anse Amyot, nous demandons à la VHF s’il reste de la place…oui, une bouée! Ouf! Et nous aurons beaucoup de chance car il s’agit de notre bouée préférée que nous avions l’habitude de prendre!
À peine amarrés, tout le monde se jette à l’eau et s’émerveille devant la quantité de requins, de poissons flutes, de mérous, mulets, poissons papillons, murènes…tellement tellement de vie! Et tout ce petit monde cohabite dans une sérénité déconcertante; quelques petites guerres de territoire de temps à autre mais dans l’ensemble une véritable harmonie émane de cette vie sous-marine.
Nous retrouvons Gaston et Valentine qui vivent sur place, ils sont trop fatigués pour organiser un déjeuner chez eux comme l’année dernière mais ils sont ok pour nous griller langoustes et poissons à ramener à bord. Cela m’enchante moyen mais ça fait tellement plaisir à nos invités. Je me console avec la portée de bébés cochons qui viennent de naitre et qui accourent manger nos lacets dès que nous arrivons!
L’anse ne désemplit pas, il y a de plus en plus de bateaux en Polynésie, je ne sais pas si c’est l’effet post covid/changement de vie mais cela est parfois un peu pénible! Les lois de mouillage vont extrêmement se durcir dans les années à venir: interdiction de rester plus de 48h à tel endroit, restriction des zones de mouillages, obligation de réserver sa place à l’avance… Quand on sait à quel point nous dépendons de la météo et des potentielles avaries à bord, cela est complètement irréalisable! Les polynésiens veulent limiter le nombre de bateaux, ce que je comprends aussi, et en même temps nous sommes économiquement très rentables!
Nous plongeons au pied du bateau mais aussi sur le récif où nous croisons de nombreux requins. Damien nous confie que ce n’est pas si simple pour lui de se mettre l’eau, beaucoup d’appréhension car cela prend du temps de déconstruire l’idée que l’on a de ces animaux. Je réalise à quel point la méconnaissance peut nous déconnecter de la nature et je trouve ça très triste.
En plongeant à quelques mètres sous la surface, nous pouvons entendre au loin un chant de baleine! Elles sont bien présentes, même dans les Tuamotu!
Nous avons énormément de chance avec la météo puisque le vent d’est qui souffle fort normalement à cette période, est inexistant et la mer est d’huile!
Les motu au loin donnent l'impression de voler!
Cela inspire Alex pour quelques photos…
Il fait même tellement chaud que nous passons notre vie sous l’eau! Nous croisons régulièrement 2 énormes napoléon, dont un qui tentera de manger ma GoPro posée sur le sable!
Nous retrouvons le banc de poissons chèvre au pied de la bouée verte! Celui de l’AQUABALLET! Nous refaisons des images avec eux et cela est un enchantement car nous devons être d’un calme extrême, se glisser sous l’eau poumons bien vides car ce n’est pas profond tout en douceur pour ne pas les effrayer et c’est complètement hypnotisant de les voir tourner si prés autour de nous! Surtout qu’ils finissent par s’habituer à notre présence et nous avons la sensation de faire partie de leur banc! Je décrète ce lieu au pied de la bouée verte officiellement comme mon endroit préféré au monde!
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Jacques aussi est hypnotisé par les poissons chèvres.
Gaston et Valentine vont devoir s’absenter quelques jours et nous demandent d’aller nourrir les cochons, Il faut simplement leur ouvrir des noix de coco à la hache, ce sont les garçons qui s’y collent! Quand les bébés cochons se battent pour une moitié de noix de coco, j’essai de prendre le plus maigre pour le diriger vers une autre noix de coco fraichement coupée! Le petit hurle tellement fort, comme si on allait l’égorger que cela fonctionne et je le relâche dans la seconde! Il retourne à sa noix de coco toute entamée qu’il devra partager!
Nous allons à la nage faire le tour du petit motu inhabité et nous découvrons une vie sous marine incroyable dans 15 cm d’eau! Mulets, chirurgiens, mini requins pointes noires qui feraient des parfaits portes-clés (ne le dites pas aux chinois), bébé poulpe, murènes…Tout ce petit monde le plus souvent très bien caché sous les rochers en attendant la marée haute!
Où est Charlie?
Les journées sont douces et tranquilles, rythmées par les baignades et le nourrissage des cochons qui l’air de rien nous prend du temps!
Alex explique à Jacques comment réparer nos drisses pendant que Damien travaille à distance.
Mais si nous voulons profiter un peu de Moorea avec Jacques et Damien avant leur départ, nous devons remettre les voiles pour 2 jours de navigation. Je vais quitter les Tuamotu le coeur serré. J’aime tellement plonger avec autant d’animaux dans des endroits où l’homme reste encore peu présent…
À suivre…
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