Rangiroa part 1

 

 

 

 

Juillet 2025,

 

Cela fait longtemps que nous n’avons pas navigué et Alex est particulièrement anxieux. Alice ne pouvant pas nous accompagner, nous demandons à Marine et Thomas, de retour sur Moorea, sans grand espoir car ils ont pas mal de travail. Mais cela semble vraiment les intéresser, Thomas doit justement être à Rangiroa le lundi suivant, et Marine rêve de découvrir cette île, il faut juste qu’elle arrive à décaler ses cours d’apnée. Nous serions trop heureux de partir avec eux et Alex serait tellement rassuré!

Nous croisons les doigts jusqu’à ce que la bonne nouvelle tombe: Marine a réussi à décaler ses cours! Le départ tous les 4 est prévu pour un mercredi soir! Sauf que durant la journée du mardi, la météo change complètement, le vent tourne à 180°, nous sommes au milieu de deux fronts, c’est beaucoup trop dangereux de partir… Alex demande quand même l’avis d’autres bons navigateurs, tous sont unanimes: mieux vaut rester protégés dans la baie.

C’est avec un énorme contre coeur que nous annulons ce départ et que nous devons le reporter à la prochaine fenêtre météo.

Marine est aussi très déçue, mais avec Thomas, ils décident d’y aller quand même en avion et cela nous fait trop plaisir pour eux et nous déculpabilise par la même occasion!

 

Pas de fenêtre météo en vue, le moral un peu dans les chaussettes, je décide de mettre ce temps à profit en passant mon PE40. C’est un niveau de plongée bouteille qui permet aux niveaux 1 comme moi de pouvoir plonger à 40 mètres, sans avoir à passer le niveau 2: parfait pour les plongées dans les passes de Rangiroa où les requins sont souvent en profondeur.

 

J’ai un document à bien connaître envoyé en amont: risques et prévention pour la narcose et les accidents de décompression, les paliers à respecter…très scolaire, je connais tout sur le bout des doigts. Ils me demanderont juste si j’ai bien lu le document et nous n’en reparlerons pas. Par contre ils me demandent de monter moi même ma bouteille de plongée, et ça, je n’avais absolument pas révisé!!!! C’est ce que doit savoir faire un niveau 1, sauf que je l’ai passé il y a 10 ans et que depuis, sur toutes les plongées que j’ai faites, les bouteilles étaient déjà montées. La bonne élève que je suis se retrouve complètement démunie devant les détendeurs, les trucs à visser/dévisser, je ne me souviens de rien! Heureusement le moniteur est bienveillant et ne m’enfonce pas dans ma crunichitude.

 

J’aurais trois demi-journée de formation avec 5 plongées et des exercices à faire: vidage de masque à 20 mètres, aider un plongeur qui n’a plus d’air, se servir de l’ordinateur (qui indique les paliers de décompression à réaliser), gonfler un parachute… Je ne m’en sors pas trop mal même si je fais un peu le yoyo niveau stabilisation.

 

Alex m’accompagnera sur les deux dernières plongées, il a un très bon niveau et adore ça. Moi ce n’est définitivement pas mon truc: gros mal de dos avec le poids des bouteilles, bouche complètement desséchée, immobilité, concentration permanente sur la respiration pour se stabiliser…Mais je reconnais que les poissons sont beaucoup moins peureux, voire même plutôt curieux et pour certains, je peux enfin les observer de très prés! Nous avons la chance de croiser aussi plusieurs requins citrons. Mais ce que nous observons principalement, c’est un désert de corail mort. 

 

 

 

 

 

 

Je suis toujours frigorifiée après les plongées!

 

 

 

Nous avons la chance de croiser Linda de passage à Moorea, notre boat sitter des Marquises! Elle est très amie avec Sanni, notre boat sitter de Moorea! Nous faisons la connaissance des deux filles que Linda a adoptées tout récemment! C’est très fréquent ici d’être élevé par quelqu’un d’autre que ses parents biologiques c’est ce que l’on appelle avoir des enfants fa’a’amu.

 

 

 

 

 

 

Sanni à gauche, Linda à droite!

 
 
 
 

 

 

 

Une bonne fenêtre météo semble se présenter pour les jours à venir mais nous attendons confirmation au dernier moment pour proposer de nouveau à Alice de nous accompagner. Elle sera miraculeusement disponible! Cela nous réjouit et soulage Alex plus que tout! Une personne en plus change vraiment la facilité de navigation, une paire de bras pour aider et des heures de sommeil en plus.

 

 

 

 

 

Derniers préparatifs avant le grand départ, enfin!

 

 

Nous allons mettre 36 heures que nous allons répartir en deux nuits et une journée avec une arrivée au petit matin lorsque le courant de la passe est rentrant. Tout est prêt:  nos habits chauds pour les quarts de nuit, 3 repas pour 3 personnes, aucune affaire susceptible de tomber, l’annexe est remontée et ficelée, le moteur préchauffé…enfin! Nous quittons la baie de Cook qui depuis 4 mois, aussi belle soit-elle, finissait par nous étouffer.

 

L’ancre remontée, je commence à accélérer et là, le moteur tremble énormément et fait un bruit inhabituel, Je remets direct au point mort. Cet horrible bruit, nous l’avions déjà remarqué et Alex pensait avoir réparé la boite de vitesse… Après plusieurs essais, il faut se rendre à l’évidence: repousser le départ. Mais pour Alex, seulement d’une journée, il pense pouvoir réparer assez rapidement la boite de vitesse. C’est un peu dur pour le moral mais nous avons déjà tellement été  patients que quelques heures nous semblent broutille! J’espère juste ne rien découvrir de plus grave qui repousse notre envol de plusieurs jours! Dans une semaine c’est mon anniversaire et mon plus cadeau serait de ne pas le fêter à Moorea!!!

 

Immense nouvelle! Nous arrivons enfin à partir le lendemain! Joie! Libération! Déconfinement! 

 

 

 

 

 

 

 

Nous passerons une première nuit de rêve avec le vent parfait, la bonne vitesse, un ciel dégagé sans nécessité de surveiller les grains…les quarts sont même vraiment agréables! La journée est chouette aussi, nous connaissons peu Alice et c’est l’occasion de se raconter nos vies! C’est une ancienne championne de Kayak qu’elle a pratiqué à haut niveau, elle a ensuite couru plusieurs marathons, trails et autres semi Iron Man!!! Nous sommes très admiratifs! Elle est venu d’Annecy avec son amoureux pour vivre deux ans à Tahiti où elle pratique la photographie, c’est d’ailleurs dans le stage animé par Alex que nous l’avions rencontrée.

 

 

 

 

 

Nous longeons l’île de Makatea que nous avons tant aimée!

 
 
 
 

 

 

 

La deuxième nuit sera plus pénible, semée de grains et sans vent avec le moteur non stop qui fait toujours un bruit suspect: comme si l’arbre d’hélice flottait à l’intérieur de sa paroi et se balade en vibrant puissamment. Alex en est malade, il a peur que ça explose, il a des tas d’hallucinations auditives et enchaine quasiment deux nuits blanches. Il me refile ses angoisses et avec ce bruit permanent sans savoir ce qu’il se passe je fais d’atroces cauchemars où le bateau prend feu et s’échoue dans un centre commercial! Mais bon, au moins j’arrive à dormir!

 

Alex est à bout, chaque navigation est une telle somme de stress qui lui tord le bide et achève le peu d’énergie qui lui reste. Mais tout se passe très bien, nous mouillons au petit matin dans un endroit paradisiaque sans aucun bateau, un peu à l’écart du villages de Rangiroa et du mouillage principal: nous sommes euphoriques (après deux énormes siestes pour Alex).

 

 

 

 

L'arrivée au petit matin...

 

 

 

 

 

 5 nouveaux petits bungalows se sont construits le long de la passe!

 
 
 
 

 

Nous mouillons tout prés de la passe d’Avatoru.

 
 
 
 

 

 

 

Les coraux à l’intérieur du lagon sont particulièrement morts et la visibilité n’est pas dingue, notre grand plaisir et d’aller plonger dans la passe d’Avatoru en courant rentrant avec une eau claire, du corail bien vivant et des bancs de poissons à perte de vue! Il y a deux passes à Rangiroa et la plus connue avec le banc de dauphins résidents est une autre, celle de Tiputa. Mais celle-ci est bien plus belle et Alice est d’une grande aide pour tenir le dinghy quand nous tournons des images avec Alex! Elle en profite pour faire aussi quelques photos.

 

 

 

 

 

 

 

Le rémora est un poisson avec une ventouse sur la tête qui se colle aux gros animaux pour se déplacer sans effort et manger le reste de leur repas! 

Une belle rencontre ici: un bébé rémora qui se colle à un adulte…l’arroseur arrosé!

 

 

 

 

 

Après chaque plongée, nous mettons du temps à nous réchauffer, même au soleil!

 

 

Nous faisons une grande balade à terre où la seule habitation est une petite pension! Si vous avez un livre à écrire en dehors de toute civilisation, c’est l’endroit idéal! 

 

 

 

 

 

 

 

La lumière est particulièrement belle, nos deux photographes sont facilement inspirés pour ressortir leurs appareils argentiques. 

 

 

 

 

 

 

Une autre fois nous allons à la nage explorer une plage déserte, enfin presque puisqu’elle est colonisée de bernards l’hermites! Nous redécouvrons les joies de la vie sur un voilier, et c’est chouette de partager tous ces avantages avec Alice.

 

 

 

 

 

 

 

Chaque soir, la concentration est à son apogée: Alice trouve enfin le temps de dessiner en se calquant sur le rythme d’Alex!

 

 

 

 

 

Version Alice

 
 
 
 

 

Version Alex

 

 

Arrive mon anniversaire! Sans doute après ces 4 mois vraiment difficiles j’ai particulièrement besoin d’attention et je guette mes messages comme le Messi! Parfois même je les aide un peu à parvenir jusqu’en Polynésie!!!

 

 

 

 

 

 

 

Ce n’est pas si simple d’être loin de ses proches dans des jours comme celui-ci, même si ma mère et ma soeur avaient glissé des petits cadeaux dans ma valise à mon départ de Paris!

 

Le bon restaurant de l’hôtel est archi full, alors nous fêterons mon anniversaire au snack Auguste et Antoinette très gentiment offert par Alice! Par miracle ils ont un burger végétarien, sinon mon repas se résume à une assiette de frites.

 

 

 

 

 

 

 

 Le menu du snack voisin ne fait vraiment pas rêver…

 
 

 

 

 

À chaque fois que nous allons plonger dans la passe, nous longeons ce petit motu privé qui abrite deux villas avec chacune une piscine! Pour y dormir une nuit il faut débourser 7000 euros! Mais l’endroit me fait tellement rêver que je vais admirer les piscines avec mon drone!  

 

 

 

 

 

Et au pied des villas avec piscines, des poissons à n’en plus finir… 

 

 

 

Nous sommes tout prés du petit village d’avatoru absolument adorable! 

 

 

 

 

 

Il donne directement sur la passe!

 

 

 

 

 

Les chiens squattent la petite montagne de sable à côté de la déchetterie comme un petit air de no man’s land!

 

Il y a de nombreuses épaves de voitures ici et là, pas de casse dans un îlot si petit!

 

 

 

 

 

Avant de repartir, Alice nous laisse un très gentil mot sur notre livre d’or. 

 

Nous restons encore une semaine dans ce mouillage pour finir de faire nos images. Au cours d’une balade, nous découvrons un bébé requin pointe noire qui va forcément moins bien nager maintenant… 

 

 

 

 

 Un chien nous accompagne tout du long pour notre plus grand plaisir! Où est Charlie?

 

 

 

 

 

 

Nous profitons qu'il n'y ait pas de vent pour aller passer une matinée sur le motu aux oiseaux (motu Paio) en plein milieu du lagon, à 25 minutes en dinghy. Il y a effectivement de nombreux noddis noirs, quelques fous et des sternes blanches.

 

 

 

 

 

 

 

Nous faisons le tour à pied et à la nage c’est vraiment très très beau! Nous nous posons à l’ombre et finissons par nous apercevoir qu’une sterne blanche reste là sans bouger. Nous mettrons du temps à découvrir qu’elle surveille son petit juste à côté! Cela nous émerveille!

 

 

 

 

 

 

 

Je fais voler mon drone en serrant les fesses car j’ai peur qu’il se fasse attaquer par un oiseau! Je l’emmène direct très haut pour éviter toute collision! Tout se passera très bien, les oiseaux sont vraiment adorables alors que nous venons clairement déranger leur vie paisible sur cette île sans humain. Mais nous ne restons pas longtemps!

 

 

 

 

 

 

Les noddis noirs passent énormément de temps à pêcher autour du bateau des petits poissons chassés par des plus gros que nous n’arrivons pas à identifier.

 

 

 

 

 

 

 

Nos images terminées, nous changeons de mouillage pour aller proche de la passe de Tiputa, très connue des plongeurs car riche en requins, en poissons pélagiques et en dauphins puisqu’un groupe y réside. Nous retrouvons l’aquarium très riche en poissons où nous adorions nager il y a 3 ans. Il y en a tellement que nous sommes obligés de faire nos mouvements au ralenti pour ne pas les toucher!!!! 

Nous devons être patient pour explorer la passe de Tiputa car avec la forte houle, il y a du courant uniquement sortant durant deux semaines! Même les sorties en plongée bouteille ne sont pas conseillées car la visibilité est très mauvaise.

 

 

 

 

 

 

 

Pour aller faire nos courses nous devons louer des vélos et pédaler 25 minutes pour aller jusqu’au village d’Avatoru. Nous avons tout ce qu’il faut à bord et nous y allons principalement pour trouver des fruits et légumes frais. Enfin, ça c’est sur le papier, car nous revenons avec des trésors tellement précieux à nos yeux qui font notre plus grande joie: multiples pots de cornichons pour Alex qui les dévore à une vitesse ahurissante et brioche Pasquier pour moi qui depuis mon retour en Polynésie est mon dessert préféré trempée dans du lait d’amande! Sauf que c’est un vrai luxe à environ 10 euros la brioche industrielle!

 

 

 

 

 

 

 

La vie est douce à bord de Diatomée, nous vivons d’amour, d’eau fraiche, de bons petits plats, de baignades et nous réalisons des belles images plus facilement qu’à Moorea. Et surtout Alex est beaucoup plus investi que pour le tournage du premier AQUABALLET, je crois qu’il a vraiment envie de me faire plaisir et se montre toujours hyper disponible pour chacune de mes exigences!

Il est aussi complètement accro à ses heures de dessin quotidien qui lui font un bien fou. 

 

 

 

 

 

@kroutes

 

 

Un matin, après avoir nagé à l’aquarium, Alex s’apprête à remonter sur le dinghy quand je l’appelle pour qu’il fasse demi-tour: je veux lui montrer un baliste titan qui s’est coincé immobile entre deux rochers probablement pour dormir. En revenant sur nos pas, nous tombons nez à nez avec un grand requin marteau! Dans deux mètres d’eau! Il s’agite et disparait assez vite aussi surpris que nous. Rencontrer un animal si emblématique lorsqu’on ne s’y attend pas a vraiment une dimension supérieure. Car lorsque nous plongeons dans la passe, nous savons qu’il est possible d’en voir, mais l’aquarium n’est pas du tout leur endroit habituel! Si je n’avais pas vu le baliste dormir, nous serions passé complètement à côté…et je n’ose imaginer le nombre d’animaux incroyables que nous avons côtoyés sans le savoir…

 

 

 

 

 

Bien évidemment il sera la star du dessin du soir!

 
 
 
 

 

 

 

Un des snack d’où nous pouvons admirer la faune marine comme ce requin nourrice!

 

 

 

 

 

Petite balade sur le récif.

 
 
 
 

 

 

 

Kristel Chaton et Ben Verdeille que nous connaissons sur Rangiroa sont malheureusement absents mais nous trouvons des nouveaux amis comme Belen, photographe et amoureuse de Rangiroa depuis plusieurs années (@rangiroa_inlove).

 

 

 

 

 

Petit pique nique pour admirer les dauphins jouer dans la passe!

 

La houle semble s’atténuer, nous allons enfin pouvoir nager dans la passe de Tiputa, nous sommes trop heureux! C'est une chance incroyable de pouvoir peut-être croiser chaque jour des animaux que beaucoup de monde rêve de voir!

 

À suivre...

 

 

 

 

 

Nous devions faire la couverture du magazine de la Maif mais finalement c’est une autre photo qui a été choisie.

 

 

 

 

 

 

 

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