Septembre 2025
Après 4 heures de navigation, nous arrivons au sud de l’île, près des motu appelés « île aux récifs ». Sous l’effet du poids des îles de la société comme Tahiti, qui sont en train de « s’enfoncer », certains atolls se sont soulevés (comme Makatea) ou l’île aux récifs de Rangiroa. Ici, le corail s’est retrouvé hors de l’eau formant comme un mur, qui modelé par le vent, la pluie et la mer possède des formes et des découpes qui lui donnent un côté lunaire.
Au premier plan: l’océan, puis le fameux mur de corail surélevé, les motu et le lagon avec Diatomée (oui oui! Il faut zoomer!!)
Nous n’aurons finalement pas le temps d’aller à Apataki, un atoll très peu habité des Tuamotu et nous réalisons que ce mouillage sera le dernier un peu sauvage avant notre retour à Moorea et la vente de Diatomée! Nous sommes bien décidés à en profiter même si nous avons aussi des images à tourner.
Nous allons explorer les Hoa à la nage: des chenaux qui séparent les motu et relient l’océan au lagon: ils sont très peu profonds mais sont traversés par un fort courant qui vient de l’océan et qui provoque une visibilité incroyable! Nous adorons y nager sportivement!
Les balades à pieds sur le récif sont aussi tellement belles! D’un coté des plages de sable rose et cocotiers, de l’autre, la roche noire épineuse du corail fossilisé et les vagues de l’océan extrêmement violentes…
Je passe la journée sur cette petite plage qui va devenir l’un de mes lieux préférés au monde!!!!
La petite plage vue de plus loin: en bas du motu arrondi.
Mais la météo va vite venir gâcher ce beau spectacle avec une série de grains qui amènent du vent violent et des énormes vagues: le bateau bouge comme en navigation musclée! Je finis par être hyper malade et ne rien pouvoir faire d’autre que rester allongée à écouter des podcasts. Cela durera plusieurs jours, ce sera ensuite au tour d’Alex d’être malade… La plupart du temps il nous est impossible d’aller souffler quelques heures à terre tant les vagues sont énormes, nous ne pouvons pas accoster…
Nous subissons énormément ces journées fatigantes… Les grains nous permettent de bien remplir à nouveau notre cuve d’eau douce ce qui nous réjouit! Mais ensuite les nuages n’apportent ni pluie, ni possibilité de faire des images, nous devons patienter…
Alex a beaucoup de mal à se passer du wifi et passe des heures perché à essayer de capter…
Le temps finit par se calmer un peu et nous pouvons profiter de cet endroit incroyable, et notamment découvrir un nouveau poisson! Cela nous arrive quelques fois mais pas tant que ça car nous finissons par bien les connaitre. Et un jour, une merveille vient surprendre Alex derrière son masque: une petite créature blanche et orange qu’on pourrait croire tout droit sortie de l’IA tellement elle sort de nulle part! Il m’appelle fort mais je n’entends pas et continue de nager. Quelques heures plus tard nous essaierons de retrouver ce petit poisson sans grand espoir, et après 30 minutes à explorer minutieusement chaque patate de corail, je reconnais immédiatement l’individu inconnu!!!!!!
Une beauté incroyable! Mais quel est ce poisson? Très coloré il ressemble à un juvénile de labre et c’est là que nous irons chercher dans notre guide des poissons à peine le pied posé sur Diatomée…
Et bien non! Il s’agit du bébé perroquet à ocelles!
Le voici devenu adulte (google image)
Cette petite créature nous émerveille et nous irons la voir tous les jours! Avec succès car le bébé ne quitte pas sa patate de corail, mais il est très craintif et je dois poser ma caméra et m’éclipser si je veux le filmer (encore faut-il qu’il passe devant!).
Comment ce tout petit être nous apporte autant de joie!
La lune nous offre un magnifique spectacle quelque soit l’heure:
Et la journée c’est pas mal non plus…
Une autre très bonne nouvelle va venir égayer notre séjour venté: un américain est très intéressé pour acheter Diatomée! L’annonce vient de paraitre et il nous fait une offre au prix de vente très rapidement! Il viendrait voir le bateau en novembre, quand il sera sorti de l’eau! Tout se bouscule pour nous car il va venir 4 jours après la sortie du bateau, donc il faudra qu’en amont on ait fait la majorité des travaux. Car il peut bien sûr changer d’avis!
Le magnifique cadre des hoa nous inspire photos et vidéos!
Nous essayons notamment de faire des images sous l’eau avec une boule à facettes! Mais cela ne fonctionne pas du tout car il faut un « mur » pour que la lumière se reflète, sur le sable ou la surface de l’eau, ça ne fait absolument rien!
Un calvaire pour Alex: photographier un maillot qui brille! Tout ce qu’il déteste! Du coup il me prend de très loin ou floue car il a honte!!!
Et en nageant dans les différents hoa nous tombons nez à nez avec LA PLUS BELLE PATATE DE CORAIL DU MONDE (élue à l’unanimité). La photo sera postée à la fin du récit pour récompenser les lecteurs qui vont jusqu’au bout!
Lorsque les Bernards l’hermite montent aux arbres c’est qu’il va y avoir un tsunami!!!!!!
Nous revenons vers le motu principal et avant de retourner sur Moorea, nous faisons une dernière plongée bouteille avec Martin de Rangiroa Diving Center. En courant rentrant et plutôt fort, ce sera une des plongées les plus musclées de ma vie!!!! Nous descendons à 40 mètres (juste pour justifier d’avoir passée mon PE40!!!) Et nous voyons « la grotte aux requins » connue sur ce site mais pas simple à voir en fonction des marées. Puis le courant s’accélère et il faut raser le sol pour ne pas se faire complètement emporter. Si nous sommes un mètre au-dessus du moniteur, nous le doublons direct car le courant est plus puissant! Il nous attrape par le gilet et nous ordonne d’expirer à fond pour couler ras le sol mais sans le toucher! Franchement c’est hyper sport, tout défile à toute vitesse! Heureusement Martin nous avait ultra briefés.
Je passe un long moment à la cité des dauphins les observer jouer dans les vagues. Ils aiment surtout les surfer et puis d’un coup ils se mettent tous à sauter! J’en profite pour faire quelques photos!
Si vous regardez bien la forme de son aileron dorsal vous devriez pouvoir identifier ce dauphin ci dessous!
Steven Surina spécialiste des requins est de retour à Rangiroa avec un nouveau groupe de plongeurs et il nous invite de nouveau à sa conférence, cette fois-ci sur les interactions requins-humains, c’est absolument passionnant! À voir dans un futur vlog!
Avant de partir définitivement des Tuamotu, nous buvons un dernier verre avec Belen qui nous a tant aidé à faire nos images avec les dauphins mais aussi avec Martin et Pamela Carzon que nous étions ravis de connaitre davantage. J’avais vu Pamela à la télé il y a au moins 10 ans, elle expliquait son travail de recherche avec la population des dauphins à Rangiroa et je me souviens avoir eu des étoiles dans les yeux devant cette fille qui se consacrait à ces animaux sur une île du bout du monde!
Elle m’impressionne énormément et surtout j’admire non seulement sa passion et son dévouement mais aussi sa tolérance et sa compréhension face au tourisme qui se développe tant ces animaux fascinent. À aucun moment elle ne s’approprie les dauphins qu’elle connait pourtant mieux que tout le monde, elle essaye juste de faire avancer les choses pour un mieux être des animaux sur le long terme.
Alex, Pamela, Martin et Belen!
Nous prenons régulièrement des nouvelles de Marine qui enchainent les catastrophes et nous finissons par tous en rigoler: si c’est pas son scooter qui tombe en panne, c’est sa voiture, quand à son nouveau bateau, s’il ne s’échoue pas sur le corail, il coule en mer!!!! Elle arrive à se sauver de toutes situations et a malgré tout, de la chance dans son malheur!
Il est temps de mettre les voiles pour notre dernière grosse navigation! Nous pensons mettre deux jours une nuit: notre dernière en naviguant , dernier coucher/lever de soleil, mais aussi dernier réveil à 2 heures du matin pour prendre son quart!
À cause d’un souci avec l’arbre d’hélice, nous devons utiliser le moteur au minimum: juste pour remonter et poser l’ancre. Nous sortons de la passe à la voile avec un énorme grain qui nous tombe dessus pile à ce moment là et des fortes rafales! Franchement c’est sport mais nous gérons grave! Nous allons hyper vite et si le vent continue d’être bien portant, nous serons peut être à Moorea le lendemain après-midi!
Les grains sont bien visibles et faciles à éviter, sauf quand nous n’avons pas le choix comme dans la passe!
Mais le vent va fortement faiblir et nous allons avancer très lentement! Le positif, c’est que c’est une navigation très cool, sans stress, le négatif, c’est qu’on enchaine une deuxième nuit car nous arriverons à Moorea pas du tout dans l'après-midi comme espéré, mais à deux heures du matin! Nous posons l’ancre dans la nuit noire car nous sommes en pleine nouvelle lune. Soulagés, fatigués mais heureux!
Notre voisin nous entend poser l’ancre et vient voir si nous avons un souci!!! À deux heures du matin c’est drôlement gentil!
Dès le réveil, la patrouille de police vient toquer au bateau. Ils nous informent des nouvelles lois concernant les voiliers: le mouillage dans la baie de Cook sera limité à 7 jours. La plupart des autres mouillages à 48 heures. Des fortes amendes seront données si dans 6 mois nous ne respectons pas ces règles!!! Heureusement que nous revendons Diatomée, car nous avons pour habitude de rester plusieurs mois dans la baie de Cook! Cela semble très difficile à respecter quand on connait la vie sur un voilier.
Mais il y a un énorme racisme anti-voilier avec des locaux virulents qui font tout pour faire bouger les choses. Ce qui nous dessert: le très grand nombre de voiliers qui a explosé surtout post-covid, et tout ceux qui rentrent en France en abandonnant leur bateau ici, il y a plein de bateaux inhabités qui deviennent des épaves et transforment la mer en déchetterie. C’est la première fois avec Alex en tant qu’hétéros/blancs/français que nous sommes confrontés au racisme. Pas par tous heureusement, mais je marche toujours sur des oeufs quand je dis au cours d’une conversation avec les locaux que je vis sur un voilier…
Alex va partir trois semaines pour une expédition en Patagonie pendant que je garde Diatomée avec la venue d’une très bonne amie avec qui je compte bien profiter de Moorea!
Pour ceux qui sont arrivés jusqu’à la fin:
Et le dauphin photographié était…Malik! Avec une dorsale bien spéciale!
À SUIVRE...