Octobre 2025
Alex est toujours en Amérique du Sud pour encore deux semaines, après avoir passé le Cap Horn dans des conditions hyper dure, c’est à dire normales, il s’apprête à naviguer dans les canaux de Patagonie. Il est sur Kotik, le voilier de Gilles notre ancien capitaine avec deux amis. Mais après plusieurs heures de navigation, un problème moteur les oblige à faire demi-tour et revenir à la case départ.
Alex est très fatigué de ces histoires de bateau, il pensait que c’était vraiment le fait d’être capitaine et le poids des responsabilités qui lui pesaient mais il réalise que c’est juste la vie sur un voilier et ce que ça implique comme soucis en permanence.
Ils ne respirent pas la santé ni la bonne humeur!
@kroutes
À Moorea, mon amie Delphine vient de partir après 10 jours de folles aventures mais tout se bouscule pour moi puisque Jérôme, le sosie de Nicolas Duvauchelle vient à bord faire des travaux sur Diatomée: ponçage, retouche peinture, vernissage de la boiserie, réfection de la jupe arrière…Il me dit en avoir pour une semaine et je lui laisse le champ libre en me trouvant une magnifique petite maison tout prés de la mer et avec un vélo pour que je puisse aller faire les courses.
J’avoue que je suis enchantée de ce moment à terre à mener ma petite vie à mon rythme entre écriture et montage, nage et danse, séries et repas! Sans oublier sieste et lecture!
La maison est immense avec un grand jardin! Je ne cesse de marcher de pièces en pièces, je n’ai plus l’habitude d’autant d’espace! J’en profite pour faire plein de machines, j’ai amené toutes les housses du carré à laver!
Chaque matin je nage très longtemps dans le magnifique lagon de Temae, un des plus beaux de Polynésie, c’est absolument magnifique. Quand la houle est forte, cela me fait nager hyper intensément à contre-courant, je récupère par une énorme sieste pour avoir la force d’enchainer avec la danse. Je n’ai plus aucune force dans les jambes, entre le tournage de l’AQUABALLET, la revente de Diatomée et la venue de Delphine, je me suis moins entrainée que les autres années, aussi à cause d’une blessure à la cheville qui a bien du mal à passer.
Mais ça me fait un bien fou de travailler intensément, de sentir mes muscles courbaturés, ma force et ma souplesse revenir. Quand à la nage, pour une fois qu’Alex ne m’attend pas, j’ai tout le temps de filmer les animaux!
L’accès à la mer n’est pas évident en Polynésie car tous les terrains sont privés, mais il y a miraculeusement un mini-chemin entre deux propriétés juste en face de ma maison!
Tous les jours sans exception, je croise une tortue et une sterne, toujours au même endroit! J’ose imaginer que ce sont les mêmes individus. Je ne m’attarde pas pour ne pas les effrayer. Je vois aussi plein de bébés chirurgiens à voile, absolument adorables!
Et ce nouveau poisson jamais vu!!!! Comme notre découverte à l’île aux récifs, il ressemble fortement à un bébé perroquet! Impossible de l’identifier grâce à mes livres ou sur les sites spécialisés, je suis obligée d’importer la photo dans google image pour avoir la réponse: il s’agit du poisson perroquet à filaments!!!
Un autre jour, oh merveille, je tombe sur un minuscule bébé poulpe! Immédiatement il se cache sous l’algue padine. Je pose ma caméra devant sa cachette et disparais. J’attends un long moment mais il ne semble pas ressortir, je commence à être frigorifiée. Je ne le vois nulle part… Tant pis pour le film du bébé poulpe, je l’imagine cloitré sous son algue, terrorisé….
Et bien pas du tout! Lorsque je visionne les rushes, je réalise qu’à peine j’ai eu le dos tourné, il est sorti de sa cachette sans que j’ai eu le temps de m’en apercevoir! Sans doute voulait-il être dans le vlog!!!!! Voici une image extraite de la vidéo:
Où est Charlie?
J’envoie à Alex tous les détails de mes découvertes! Je sais qu’il partage ma joie aussi loin soit-il!
Mais il est un peu au bout de sa vie. Ils doivent attendre une pièce pour le moteur, cela peut prendre du temps et la suite de leur voyage est fortement compromise. Il ne fait aucun sport, ne fait que manger à cause du froid et éprouve une immense fatigue…
Je culpabilise d’avoir une semaine de rêve d’autant plus qu’un chat hyper câlin vient me rendre visite quotidiennement…
Je le soutiens du mieux que je peux. Mais il va vite reprendre du poil de la bête car compte tenu de la situation, Gilles leur a trouvé un autre bateau pour terminer l’expédition, où en plus ils sont servis comme des pachas!
Il revit grâce aux nombreuses siestes qui lui permettent de bien récupérer et grâce à la magnifique croisière de 4 jours sur les canaux de Patagonie éblouissante de beauté!
Au cours des balades il tombe sur un mollusque en train de pondre…
…et sur des restes de galathées (crustacés) dévorées par des visons.
Il a même la chance d’apercevoir des condors, cet oiseau si rare!
Ma semaine de rêve dans la grande maison avec le petit chat touche à sa fin. J’ai un pincement au coeur, je serai bien restée plus mais elle est louée juste après moi et à priori Jérôme est censé avoir fini les travaux à bord, je n’ai eu aucune nouvelle…Je sais juste qu’il vient me chercher en annexe pour me ramener sur Diatomée.
Le temps est pluvieux et son annexe a une entrée d’eau, une partie du boudin est crevée, il a bien du mal à la manoeuvrer. Quand on avance, l’eau reste à l’arrière du bateau sauf qu’il s’arrête aider des pêcheurs en galère de moteur et je mets du temps à réaliser que mes deux sacs flottent dans 10cm d’eau!!!! Mon ordi, tous mes disques durs, bref ma vie!!!!!! Les sacs sont censés être étanches mais je sais qu’il y en a un troué, je les soulève et les maintiens au dessus de l’eau tant bien que mal tandis que l’annexe continue de se remplir!!!!
Il répare en deux secondes le moteur des pêcheurs éblouis par son savoir puis je monte à bord de Diatomée où son assistant est en train de travailler aussi. Car c’est la douche froide: Ils ont du faire 10% des travaux de la liste! La table à carte et les escaliers sont vernis mais…c’est tout! Aucun hublot n’est fait, et absolument aucun travaux extérieurs n’est commencé! Tout est encore en chantier et poussiéreux et ils sont loin d’avoir terminé. Apparemment il a eu des soucis avec ses dents et n’a pas pu travailler pendant deux jours puis il a plu ce qui était compliqué pour avancer.
Je ne me vois pas vivre dans ce chantier alors je réserve direct un autre airbnb, il ne reste pas grand chose mais j’ai de la chance de trouver un petit studio proche de la mer et d’un supermarché car je ne suis pas véhiculée. Comme ce n’est pas très loin, je demande à Jérôme de m’y conduire car il a une voiture.
Rebelote avec les sacs que j’essaie tant bien que mal de tenir à sec, cela dit il commence à pleuvoir des cordes! Nous allons à sa voiture qui semble être bonne pour la casse avec un coffre rempli d’outils de chantier. Je m’assois à ses côtés devant et je reçois de l’eau: il y a un gros trou au plafond! Avant de démarrer il me dit « quelqu’un a dormi dans la voiture! » « Comment ça? » « Mon siège est complètement allongé, ça doit être le clodo du coin il traine souvent par ici… »…Je suis au bout de ma vie. Mais ce n’est pas terminé. On démarre, il pleut des trombes et nous roulons sans essuie glace « ah oui ils ne marchent pas! »…On ne voit absolument rien, toutes les voitures ont leurs phares alors qu’il est midi et il roule assez vite. Je suis terrorisée! Sachant qu’il y a énormément de chiens au bord des routes!!!!
Je suis soulagée d’arriver dans mon petit studio mais impossible d’ouvrir la boite à clés! Le code ne marche pas! Je suis trempée et chargée, je ne sais pas quoi faire! J’essaye encore et encore! Heureusement la propriétaire passe par là (c’est un étage avec tous les mêmes studios à louer) et me donne le code: ils s’étaient trompés d’un chiffre dans leur message!
Ouf! C’est un peu glauque et hyper bruyant car en bord de route, en plus avec la pluie diluvienne j’ai un petit coup au moral! Je regrette ma belle maison fleurie et mon chat, et mon beau jardin de corail. Mais j’ai déjà assez fait ma bourgeasse comme ça! Je suis quand même bien mieux ici qu’au milieu de la poussière!
La bonne surprise c’est qu’il y a un petit bassin où je peux faire ma danse! Et toujours beaucoup de courant pour nager comme j’aime: lentement à l’aller et hyper rapide au retour! Le soir j’ai mon cours de danse, j’y vais à pied, cela fera une heure de marche sous la pluie…je suis motivée! Je demande aux élèves si à tout hasard elles vont vers Maharepa pour me ramener: elles vont toutes dans l’autre sens, sauf une! Ouf! Quand on approche de sa voiture elle me dit « tu vas bien dans ce sens là? » « euh non, justement je vais dans l’autre sens…! » Mince…Heureusement, comme il pleut des cordes et qu’il fait nuit elle accepte de me ramener quand même! Je me commande une pizza juste en dessous du studio et je savoure ma douche chaude!
J’avance bien dans les carnets de bord, pour les vlogs j’ai vraiment du retard ça demande tellement de temps. Et plus ça va, plus je filme aussi donc c’est encore plus de travail!
Je finis par me sentir vraiment seule et un peu abrutie à travailler, manger et dormir dans le même lit. J’appelle Marine à la rescousse! Elle m’invite à se joindre à son groupe de stagiaires pour boire un verre. Ils sont à Moorea pour 12 jours dans une sublime maison bord de mer pour un stage d’apnée avec Marine chaque matin, et différentes activités l’après-midi: randonnées, sortie baleine, tressage de chapeau, danse tahitienne. Ça me fait un bien fou de voir du monde!
Autre évènement qui me remplit le coeur: je reçois la musique que Stéphane Lopez vient de composer sur nos images tournées cette année: je lui avais envoyé une vidéo de 19 minutes avec les rushes de nos plus belles images, il y a collé 19 minutes de sublimissime musique pour que le monteur puisse piocher et faire le montage final qui sera bien plus court. Souvent je regardais nos images et je ne les trouvais pas extraordinaires, d’autant plus qu’elles sont tournées en log (rendu tout grisâtre et terne), format indispensable pour pouvoir étalonner (travailler la couleur) en post-production. Mais en fait, avec de la musique dessus, c’est incroyable! Les images deviennent exceptionnelles en un claquement de doigt! Quel pouvoir ont tous les compositeurs! Respect total!
Alex est sur le chemin du retour mais grave en galère: il n’arrive pas à s’enregistrer sur son vol retour. Comme il n’a que what’s app, il me demande d’appeler le service assistance de la compagnie. Je passerai plus d’une heure au téléphone à essayer de débrouiller l’histoire, comme son vol Papeete -Los Angeles avait été retardé de 24h, il a du racheter tous ses autres billets pour aller au sud du chili. Et comme il n’a pas honoré son vol aller initial, ils ont annulé son retour. Il est 2 heures du matin pour lui et il est en stress total car il n’a plus aucun billet. Je comprends rien ce que baragouine la nana en anglais mais tant bien que mal, en payant 265 euros, il peut de nouveau avoir ses billets… Pffff c’est grave abusé! Mais Alex est hyper soulagé!
Je laisse à Jérôme un jour de plus pour être certaine que je puisse emménager de nouveau dans Diatomée. Alex rentre le lendemain et j’ai vraiment envie d’avoir le temps de nettoyer et remettre toutes les housses de coussins (il faut plus de deux heures!!!!). Mais une journée bien galère m’attend! Je dois d’abord aller du studio à la station service: je ne fais pas de stop, je pratique la méthode de ma mère: je toque aux vitres des voitures prêtes à partir du parking du super U: il suffit qu’elles aillent dans mon sens car je ne vais pas loin.
Une fois à la station je dois attendre qu’un bateau vienne prendre de l’essence pour lui demander de me ramener sur Diatomée car Jérôme est absent. Et là ça se corse: la baie de Cook est calme: pas une vague, pas un bateau qui navigue…rien à part une bruine pas très agréable.
J’attends une heure avant qu’un bateau ne puisse me ramener à bord, je ne lui laisse pas le choix tellement je suis contente de le voir et de pouvoir enfin rentrer à bord!
Là dessus je reçois un message dernière minute: je dois aller chercher des pares-battages commandés une semaine avant au ferry qui vient de Papeete. Le débarcadère du ferry est à 30 minutes de voiture.Mais je n’ai aucun réseau. Impossible d’appeler un taxi pour y aller.
Je fais du stop, pas très à l’aise pour cet exercice mais je n’ai pas le choix. C’est assez loin et il faudra deux voitures différentes pour m’y emmener! Les chauffeurs ont bien du réseau et il ne s’agit pas d’un problème général. Une fois sur place je récupère les pares-battages et rentre en taxi.
Toujours pas de réseau, impossible de communiquer avec Alex, j’ai peur qu’il s’inquiète! J’essaye la carte sim du téléphone polynésien d’Alex: ça ne fonctionne pas non plus. J’essaye notre box wifi qu’on n’utilise jamais: pareil… Tellement galère! La seule solution: emprunter le téléphone de quelqu’un…Je vais taper chez le voilier voisin: des danois qui me mettent en partage de connexion! Ouf j’ai Alex au téléphone entre deux vols! Entourée de tous les jeunes danois torses nus qui me regardent téléphoner!!! Malgré la distance, Alex arrive à résoudre ma connexion en payant des factures au SFR local.
C’est fou à quel point sans internet ni téléphone on ne peut plus RIEN faire!!!!!
Après toutes ces péripéties il me reste le bateau à remettre en ordre, demain, je vais chercher Alex très tôt qui atterri au petit matin :-) Nous sommes si heureux de nous retrouver :-)
Je suis contente de ne plus être seule aussi à gérer Jérôme et ses failles narcissiques, il a toujours une bonne excuse pour ne pas venir travailler et ne cesse de dire qu’il sait tout faire, qu’en une heure tout est fini alors que depuis 3 semaines il a à peine fait la moitié. Et ça ne loupe pas, Alex finit par vraiment s’énerver (et quand on le connait on sait qu’il lui en faut beaucoup pour se mettre en colère!!!). En fait ce qui est insupportable, ce n’est pas qu’il soit très en retard sur le travail c’est que tous les jours il nous balade « demain ce sera tout terminé et puis on ne le voit pas de la journée car en fait il a un autre client ou parce que son genou a triplé de volume… C’est fatiguant. Et suite au remontage de bretelles d’Alex, il marmonne « qu’il fait tout pour qu’on soit content, il bosse même le dimanche et nous ne sommes même pas contents », « mais si tu étais venu suffisamment la semaine tu n’aurais pas à bosser le dimanche! ». Je vous passe les détails sur son travail fait du coup à l’arrache avec des taches de peinture un peu partout et ses yeux rouges défoncés avec tout ce qu’il a fumé!! Ah le Nicolas Duvauchelle est beaucoup moins sexy…!!!!
Il refait entre autre les peintures autour des fenêtres.
Tant bien que mal à être sur son dos sans cesse, il finit en gros le travail (pas tout car nous abandonnons certains trucs vu la qualité de la main d’oeuvre) et nous devons maintenant aller deux jours à quai pour une énorme révision moteur. Le mécanicien nous aide à nous accoster au quai des pêcheurs, cela fait 4 ans et demi, depuis notre départ du Panama que nous n’avons pas accosté à terre!!!! Ouf tout se passe très bien, un autre mécanicien vient placer correctement le bateau en poussant sur le coque avec le dinghy!
Nous hallucinons sur leur productivité, Le départ était prévu à 7h30, à 7h30 Alex relève l’ancre! À peine à quai, le mécanicien et ses deux assistants débarquent à bord avec une couverture pour ne pas salir, un aspirateur, un ventilateur et la radio. Ils s’installent comme chez eux, avec leur musique et viendront passer deux jours entiers à démonter tout le moteur, nettoyer les injecteurs, changer le pot d’échappement, etc. Ça nous change de Jérôme!
C’est plutôt sympa d’être à quai mais un peu dur de vivre avec ce chantier dans le salon et la radio à fond.
Il faudra rester un jour de plus à quai à cause d’un problème de démarreur mais nous pouvons revenir au milieu de la baie et fêter ça avec Fanny et Claire!
Claire est une très bonne amie de Fanny qui après un long séjour en France a décidé de finalement revenir vivre à Moorea et devinez où elle va travailler? Au ma’a dans le bocal!
Nous allons dans quelques jours sortir le bateau de l’eau à Tahiti, nous dormirons alors dans un airbnb, il s’agit de nos dernières nuits à bord. Mais aussi derniers moments à Moorea: footing, danse, shampoing dans la mer…Et je profite pleinement de chaque instant avec beaucoup plus de joie que de peine, la lune est presque pleine et rend ces moments très forts. Alex, lui, n’est pas du tout là dedans, tant qu’il a son rhum, sa palette d’aquarelle et la vie parisienne qui approche, il est content!
Notre tour des adieux passe par Christelle, la vendeuse de légumes qui surkiffe Alex et nous offre toujours pleins d’ananas!
Nous sommes attendus au chantier pour lever le bateau à 7h30, Sanni, notre ancienne boat sitter vient très gentiment nous aider pour la manoeuvre. Nous allons la chercher à terre à 2h30 du matin (impossible pour elle de dormir à bord à cause de son chien qu’elle ne peut pas laisser trop longtemps) et nous partons de la baie de Cook au milieu de la nuit sous la lune pleine qui nous éclaire parfaitement!
Nous naviguons vers Tahiti le temps que le soleil se lève et avant que le vent ne souffle face à nous.
Enfin, c’est surtout Alex qui assure car Sanni et moi allons dormir une grosse heure à l’intérieur! Alex s’était couché à 19 heures avec un cachet pour dormir et il pétait la forme!
Sanni et le sweat « Team Diatomée »
À 7h25 nous sommes devant le chantier, si c’est pas du timing!
C’est notre deuxième expérience ici et nous gérons sans difficulté. Nous sommes à côté d’un catamaran qui vient de s’échouer sur le récif: la bouée sur laquelle il était attaché n’a pas tenu. Impossible de sauver le bateau: il va falloir le détruire… Ça fait trop mal au coeur.
Mauvaise nouvelle: nos acheteurs n’ont pas pu débloquer les sous pour payer notre bateau, ils avaient déjà versé 20% de la somme…Notre broker nous fait passer la pilule en nous disant qu’il y a 25 autres personnes intéressées et qu’elles peuvent faire une offre supérieure au prix de vente. Sauf que pour l’instant nous n’avons aucune offre!
Mais cela nous laisse plus de temps pour rénover le bateau. Nous sommes quand même au taquet: achat d’un aspirateur à eau pour nettoyer les cales, d’un karcher pour nettoyer le cockpit, notre grand voile file dans un atelier pour être restaurée tout comme notre hélice pendant que 6 ouvriers poncent la coque de tous les côtés!
Notre airbnb est notre bulle d’oxygène car le chantier est extrêmement bruyant et tellement sale! Surtout à cause du ponçage de la peinture bleue, il y en a partout! Sur le pont, sous nos pieds, partout sur le sol, sous les yeux et dans les cheveux. Je me savonne deux fois pour en venir à bout!
Mais à partir de 15h30 et le week end il n’y a plus personne et nous allons travailler à fond dans ces moments là. J’aime cette ambiance même si notre corps est mis à rude épreuve! Gros mal de dos pour moi sans parler de ma cheville en feu et pour Alex, il prie pour qu’aucun de ses doigts ne tombent!!!!
Révision des voiles par des experts, elles sont si lourdes! Nous les descendons au winch!
Nous sommes d’une efficacité redoutable dès les premiers jours: toutes les cales sont dégraissées, lavées, aspirées et séchées, nous donnons plain d’affaires aux travailleurs du chantier et nettoyons le bateau à fond avant l’arrivée de l’expert.
L’appel de la mer se fait ressentir très fort et je ne peux y résister! Je me mets à l’eau au pied du chantier mais la vision de toute la ferraille et des pneus sous l’eau rend tout cela un peu sordide! Je ne suis pas certaine d’y retourner!!!
Alex adore les snacks un peu glauques où on pète de chaud! L’accompagner est une grande preuve d’amour car en plus d’être inconfortable, la serveuse m’annonce que la dernière part de quiche végétarienne vient d’être vendue! En végé elle me propose du sashimi, sandwich au thon ou far breton!!!!! Cela nous fera beaucoup rire! La quiche végétarienne était certainement au saumon!
Deux semaines que le bateau est au chantier et nous avons bien avancé. Surtout Alex qui y passe un temps fou et gère d’une main de maitre tout ce qu’il y a à faire.
Alex seul face à l’ampleur du travail
Mais plus les cases sont cochées, plus il en invente de nouvelles! Ça n’en finit jamais! Refaire la peinture de la coque, installer un compartiment pour le gaz, réparer le dessalinisateur, la liste n’en finit pas de se rallonger et le budget aussi. Je ne le soutiens pas du tout dans cet élan qui représente un gouffre financier sachant que nous vendons Diatomée très peu cher… Mais seul Alex est propriétaire et ce n’est pas mon argent donc je n’ai pas trop mon mot à dire!
Bref, au final nous ne pourrons pas tout faire car ça prendrait trop de temps et il est obligé de revoir le programme à la baisse.
Nous faisons une soirée Karaoké avec Isabelle, notre amie guide pour les sorties baleines à Tahiti. Une première pour moi! Les Tahitiens en sont fans et chantent hyper bien, ils font tous le show et l’ambiance est vraiment chouette!
Marine vient nous rendre visite à deux reprises ce qui égayera aussi nos journées!
Je ne pouvais passer à côté de la piscine municipale de Papeete trop trop agréable: 3 personnes grand max par ligne, un pur régal!
Toujours aucune offre d’achat, entre temps nous changeons de airbnb pour un bel appartement sur le thème de l’océan avec une piscine! Mais l’eau est gelée, je mets des heures à me réchauffer alors que le matin même au chantier j’étais d’humeur exécrable à cause de l’assourdissante chaleur!
Nous faisons un énorme travail sur le dinghy.
La poussière bleue du ponçage de notre anti-fooling s’est transformée en poussière rouge des bateaux voisins.
La fatigue commence par s’accumuler sévèrement!
C’est l’occasion pour nous de rencontrer enfin Jessica, biologiste marin qui fait des vidéos géniales sur les réseaux pour apprendre à mieux connaitre les animaux. Elle est connue sous le nom de « la biologiste qui zozotte ».
Nous jetons et donnons tellement d’affaires! Nous essayons d’en vendre aussi quelques unes et tout part plutôt vite! Sauf le Paddle que nous finirons par donner!
Vous voyez la toute petite rayure en bas sur le presse étoupe? Eh bien elle nous a couté très cher mais elle aurait pu couter bien plus cher. Le presse étoupe assure l’étanchéité entre l’arbre d’hélice et la coque du bateau, cette rayure ne le rend pas fiable. Il faut en acheter un nouveau. Nous courons tous les magasins (il y a trois ans nous avions déjà du en faire venir un de France) mais Alex croit en avoir vu en vente à Tahiti. Nous en trouvons un, mais de diamètre légèrement différent: le tout dernier de Polynésie! Il coute presque 800 euros!!! Mais nous n’avons pas le choix.
Nous espérons que cela fonctionne. Le mécanicien semble sceptique mais tente quand même de le poser. Nous attendons. Si ce n’est pas bon cela veut dire qu’il faut en commander un de France. Délai: 3 semaines! Alors que dans deux jours nous devons retourner à l’eau. Ça veut dire 3 semaines de chantier à payer en plus et 3 semaines de airbnb: ça fait cher la micro rayure! Quand le mécanicien nous dit « c’est bon j’ai réussi », nous nous regardons avec un tel soulagement sachant que cela relève un peu du miracle!!!!!
La différence avant/après du Polish est bien visible! Diatomée n’a jamais été aussi beau :-)
Ça y est! Il est temps de retourner à l’eau! Pour cela nous embauchons Yann, un skipper qui va garer le bateau à la marina car sans propulseur d’étrave nous ne nous sentons pas capables, d’autant plus qu’il est flambant neuf, une rayure nous rendrait légèrement amers…!!!
Dernière navigation…
Yann gare le bateau comme si c’était une voiture sous nos yeux émerveillés et reconnaissants: le plus dur est fait! Nous avons rêvé de ce moment: le fin du chantier et le bateau enfin garé. Plus que les valises à sortir et nettoyer Diatomée. Cela nous prendra deux grosses journées car la poussière rouge a laissé pas mal de marques…
J’avoue que nous serrons les fesses pour aller à terre!!!!
Je prends le temps de savourer chaque pièce une dernière fois, de remercier Diatomée pour tout ce qu’il nous a apporté et ce moment tant redouté de le quitter pour toujours est un peu allégé par la dureté des dernières semaines à bord et par les 3 nuits d’hôtels qui nous attendent.
Dernière cigarette du soir à bord de Diatomée…
Alex, lui, est incapable de se remémorer un bon souvenir, il tente comme il peut de remonter du puit sans fond dans lequel il est tombé en devenant propriétaire de Diatomée.
Les adieux avec Diatomée…difficile de réaliser vraiment…
L’hôtel est au delà de nos espérances! Deux magnifiques piscines, un immense jardin avec des tortues d’eau et un centre pour tortues blessées.
Suite à une collision de l’air est rentré dans leur carapace et certaines ne peuvent plus s’immerger. Comme elles flottent en permanence, un tissu blanc les protège des UV.
Je m’octroie le droit de ne rien faire, ce qui ne m’arrive jamais! Je passe les journées allongée sur le transat à regarder les gens. C’est tout! Pas de sport, de danse ni de carnet de bord, juste un peu de nage le matin! Et des échanges précieux avec mes amis…
Alex aussi est vidé psychiquement et physiquement, il est pressé de rentrer à Paris et ne profite pas vraiment de l’hôtel…
Je vois seule ce coucher de soleil et assiste seule au spectacle polynésien, Alex est OFF!!!
Mais nous trouvons le courage de tourner encore des images pour l’Aquaballet car juste devant l’hôtel il y a un lieu magnifique accessible en Kayak! La visibilité est médiocre et l’enthousiasme n’est pas à son comble mais nous réussissons à faire quelques plans!
Hotel Kontiki avec un magnifique rooftop!
Notre dernière journée en Polynésie sera intense! Notre vol est à 23h30. Après une nuit à l’hôtel Kontiki, j’ai rendez-vous à Moorea le matin pour un tatouage polynésien! Je veux qu’il représente Diatomée, les animaux et les proches! Je ne sais pas à l’avance à quoi il va ressembler, c’est vraiment spécial les tatouages là bas! Mais au final je suis contente…
Le midi nous en profitons pour voir Marine et Fanny, il pleut des cordes ce qui rend cette dernière journée encore plus spéciale! Quitter Fanny n’est pas facile, nous espérons la revoir quand elle passera à Paris. Quand à Marine qui a développé son école d’apnée sur Moorea, elle a une grande nouvelle: elle va retourner vivre en France et plus particulièrement à Hyères, dans le sud, où avec Alex nous comptons aussi passer beaucoup de temps! Elle va développer l’apnée là bas et nous espérons bien avoir de beaux projets avec elle!
De retour sur Tahiti toujours sous une pluie torrentielle, nous retrouvons Isabelle, Josiane (la nounou d’Alex) et Linda qui nous couvrent de colliers de coquillages, rituel de départ.
Dans nos bagages, nos 8 années passées à bord de Diatomée…Principalement du matériel photo pour Alex, et des livres sur les poissons et des maillots de bain pour moi.
Notre arrivée à Paris sera couronnée de surprises avec un accueil incroyable par les Cras qui avaient nos clés! Nous sommes couverts de cadeaux :-)))
Retrouver l’émulation de la ville, les décos de Noel et la stimulation intellectuelle nous enchantent au plus au point. Cela peut paraitre difficile à comprendre, moi même j’ai tant rêver des plus belles plages du monde dans ma salle de psychomotricité, mais la vie en France nous offre aussi tellement d’opportunités que nous finissons par ne plus en avoir conscience…
Comme par exemple pouvoir assister à une conférence avec mes trois idoles absolues: Claire Nouvian (militante écologiste pour les océans), Sébastien Moro (antispéciste vulgarisateur scientifique) et Guillaume Meurice (??)! Je réalise le privilège d’être ici mais aussi d’avoir pu vivre toute cette aventure incroyable avec Diatomée.
Je ne sais pas à quoi ressemblera la suite mais en attendant il y a encore plein de vlogs à venir et films artistiques sous-marins. Et potentiellement un acheteur pour Diatomée et pas des moindres: un célèbre écrivain aventurier qui souhaite réaliser un documentaire sur une expédition dans le Pacifique! Nous espérons pouvoir vous dévoiler son nom très vite! Cela nous réjouit :-)
FIN
Diatomée: nom féminin
(grec diatomos, séparé par le milieu)
Algue unicellulaire faisant partie du phytoplancton et fournissant énormément d’oxygène. Invisible à l’oeil nu, éblouissante au microscope.